race ne croyait pas que ces souvenirs suffisaient 4 son nom ; il se vouait aux
oeuvres de foi et de patriotisme. Représentant des nobles a la congrégation
centrale, président des caisses d’épargne de Lombardie, il quitta tout, 4 ’heure
de la revolution, pour se consacrer aux premieres associations catholiques
instituées 4 Bologne. Le marquis d’Azeglio lui fit insinuer que sa popularité et
son influence le désignaient aux honneurs et aux charges du nouveau pouvoir ;
mais le comte Galeazzo-Manna, pour se soustraire même à ces offres, fit très
publiquement une magnifique offrande au Denier de Saint-Pierre, et déclara
que désormais son champ d'activité serait les oeuvres catholiques.
Il est facile de deviner ce que serait le jeune Louis, façonné par ces héroiques
exemples et par cette forte éducation paternelle ; les tendresses incomparables
d’un coeur de mère et d’angéliques soeurs développaient par leur charmante
intimité ce coeur si riche d’un amour profond, fort et réservé. Aussi, quand la
mort eut fait le vide autour de lui, ne lui laissant que sa mère aux admirables
vertus et sa soeur la princesse de Gonzague, bien digne de lui, ses meilleures
joies furent toujours le charme de ce foyer dont il semble que l’amour filial et
l'amour fraternel formaient la puissance et l’allégresse. Un deuil prématuré est
venu briser le coeur de ces deux nobles femmes, et nous avons reçu l'expression
de leur attendrissante douleur et de leur courage chrétien ; elles me parlent
dans leur lettre des espérances de celui qu’elles ont salué une dernière fois
en baisant son front glacé. Soixante heures après sa mort, elles virent dans ce
cercueil la sérénité du visage d’un saint et ne respirèrent que le parfum des
fleurs qui formaient une couronne.
Je n’en suis pas étonné ; il n’y a pas eu une tache dans cette vie de jeune
homme; pas un faux pas sur des chemins que la fortune pouvait parfois rendre
glissants, et il est permis de dire qu’il était orné des plus exquis sentiments d’une
piété fervente ; il avait l’habitude de la méditation, la pratique fréquente de la
communion, la récitation quotidienne du chapelet, le culte filial de la Sainte
Vierge. En 1873, il fut l’ardent promoteur du pèlerinage catholique italien au
sanctuaire de Caravaggio, qu'on croyait alors périlleux ou impossible? ; vingt
mille pèlerins, plus de neuf mille communiants, six évêques vinrent donner
raison au comte Manna qui en avait eu l'initiative, qui l’organisa et le conduisit
à ce succès inespéré avec sa foi et sa prudente fermeté. Plus tard il visitait
Lourdes, y priait et communiait avec ferveur ; la dévotion pour les morts lui
était chère entre toutes ; toutes ces pratiques communiquaient à son âme les
grâces d’une vertu constante, délicate, austère et aimable. Réservé jusqu’à
l'excès, bienveillant pour tous, l’âme toujours ouverte à la miséricorde, exempt
de toute feinte, il avait une indomptable énergie pour servir la vérité sans
faiblesse, défendre l’Église sans peur, se consacrer aux oeuvres sociales sans
découragement. Fidèle champion du Saint-Siège, sans autre préoccupation
que d’être le soldat modeste et l’humble serviteur du premier souverain du
monde, qui est le vicaire infaillible de Jésus-Christ, il obtint, sans les chercher,