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DE LA BONNE MONNAIE

5. «Lettresurlecomte Louis Manna-Roncadelli. » Aut. : Mermillod. (K 6) pp:
6, imprime. Plaidoyer de Mermillod pour le jeune comte Manna, decede dans
un hötel, lors du retour de la premiere réunion. Signe de la desillusion, cette
nouvelle terrible donne l'occasion à Mgr Mermillod de renforcer davantage les
liens spirituels entre les membres de l’Union. La mort inattendue de Lodovico
Manna-Roncadelli apparaîtra comme sacrifice suprême.

LETTRE SUR LE COMTE LOUIS MANNA-RONCADELLI
EVÊCHÉ DE LAUSANNE ET GENEVE
FRIBOURG (SUISSE), LE 21 NOVEMBRE 1885.

FÊTE DE LA PRÉSENTATION DE LA SAINTE-VIERGE.

MESSIEURS ET AMIS,

Notre jeune réunion catholique d’études sociales a reçu de Dieu la bénédiction
de l'épreuve. Lorsque tous ensemble vous veniez pieusement communier de ma
main, dans ce sanctuaire où jadis a travaillé, prié et où est mort le Bienheureux
P. Canisius, nous ne songions pas que le lendemain, dans un hôtel à Zurich,
Dieu appellerait à Lui un de nos vaillants et modestes collaborateurs, le jeune
comte Louis Manna-Roncadelli. S’il était loin des siens et de nous, ses amis, il
eut près de lui, dans sa courte et paisible agonie, les anges de Dieu qui vinrent
chercher son âme parée de vertus et riche de bonnes oeuvres.

Dans les premiers siècles de l’Église, un compagnon de saint Pothin!
répondait à des interrogations qui lui étaient faites sur sa race, sa maison,
sa patrie, son nom «Je suis chrétien : c’est là, disait-il, mon nom, ma race,
ma patrie et je ne suis absolument que chrétien : Hoc mihi nomen, hoc genus
et patria est, inquit : omnino non sum quam christianus. Notre collègue n’a
jamais aspiré à autre chose.

Il aurait pu cependant faire ostentation des souvenirs de sa très ancienne
famille, qui, déjà en 1100, avait place parmiles influents patriciens de Crémone ;
en 1500, ses aïeux étaient alliés au cardinal Sfondrati, appelé Père de la patrie,
au Pape Grégoire XIV, comme à l’illustre famille des Gonzagues. Son père,
gardien incorruptible des traditions de foi et d'honneur de ses ancêtres, voulut
Vélever près de lui ; et son jeune fils, à l’âge de 12 ans, appréciait l'énergie
avec laquelle son père, le comte Galeazzo, ne pactisa jamais avec les théories
spécieuses et les efforts tendant à faire de l'Italie une nation en dehors de la
sainte Église qui fut toujours sa mère, la protectrice de sa prospérité, de ses
sciences et de ses arts. Il le conduisait lui-même subir ses examens de droit
en Autriche, pour le mettre à l’abri des études et des systèmes si dangereux
des écoles italiennes. Je tiens à rappeler que ce gentilhomme de grande

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