épouvantable gue toutes les guerres politigues ou religieuses gue nos péres ou
nous-mémes avons traversées.
Aussi les esprits spéculatifs ne manquent-ils pas, qui notamment en
Angleterre au siécle dernier, maintenant en Belgique, en Allemagne et
surtout en Italie, examinent ces problèmes de vie ou de mort pour les peuples
contemporains aux lumières de la déduction philosophique ou à celles de
l'expérience, et décorent du nom de science économique les systèmes fort
divers dans lesquels ils prétendent en avoir trouvé la solution. Ces publicistes,
dont plusieurs sont devenus des hommes d'Etat se connaissent entre eux alors
même que se rangeant en camps différents — les uns libéraux se qualifiant
d’ « orthodoxes », les autres « socialistes d'Etat » ou même « anarchistes »,
ils échangent leurs vues en discutant leurs théories respectives dans de
nombreuses publications, occupent des chaires souvent mêmes publiques,
et procurent ainsi à leur soi-disant science économique un relief croissant,
devant lequel toutes les autres sciences philosophiques sont éclipsées.
Or toutes ces écoles d'économie politique si diverses en leurs thèses ont un
caractère commun : celui de l'exclusion de toute doctrine révélée, de toute
tradition acceptée et de toute autorité de l’Église, hors du domaine de leurs
spéculations. Pour les unes de ces écoles — libérales relativement modérées,
c’est-à-dire satisfaites de l’état actuel —, l’Église n’a que voir dans les choses
de ce monde ; pour les autres, plus avancés ou socialistes, l’Église aurait été
ou serait encore de complicité avec les injustices sociales auxquelles elles
réclament un terme. Des unes comme des autres l'esprit chrétien est au moins
absent totalement, quand il n’en est pas honni ; et si quelqu'un essayait de
parler chrétiennement des conditions d’existence de la famille humaine, il
semble que sa parole n’arriverait pas même un instant à franchir le cercle de
dédain dans lequel l’'étoufferaient les docteurs de la science nouvelle.
Cependant il y a quelques années un Archevêque! eut cette audace : autour
de son siège de Mayence il assembla les ouvriers catholiques au nom de la
foi, mais aussi au nom de la défense de leurs intérêts vitaux et créa, par les
associations catholiques qu’il fomenta et soutint dans toute la vallée du Rhin,
comme une école pratique de science économique chrétienne. Ce fut l’origine
d'un mouvement d'idées qui, comprimé à son foyer depuis la mort de son
éminent auteur, vit encore dans une partie des pays de langue allemande et a son
principal organe à Vienne dans le journal Das Vaterland." Malheureusement
le pasteur ayant manqué au troupeau, nombre des membres des Katholische
Arbeitervereine”’ ont passé au socialisme plutôt que de renoncer aux tendances
réformatrices qui avaient été encouragées en eux contre le régime libéral.
En même temps et pour accroître la confusion, se produisait dans leur
voisinage, en pays wallon, un enseignement différent, où les aspirations
chrétiennes recouvraient de leur mieux les doctrines libérales. Un professeur
de droit à l’université catholique de Louvain" publiait une série d’écrits sur