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LE CANCER DU VILLAGE: ANALYSE GEOPOETIQUE DE LA HERONNIERE ET L’HABITUDE DES BETES DE LISE TREMBLAY ——o— RAMONA PÁL-Kovács Résumé «[...] la catastrophe qu’a été ma vie depuis que je suis revenu au village. Je n’arrive pas a m’enlever de la téte que c’est lui le responsable du cancer d’Aline. Elle a attrapé le cancer du village» (Tremblay, La héronnière 98-99). A la frontière de nature et société se trouve le village de Lise Tremblay — au Bas-du Fleuve dans La héronnière (2003) et au Saguenay dans L’habitude des bêtes (2017). Espace liminal qui, par pur désir de survie, est en constant conflit avec les changements qu’apportent tous éléments extérieurs, les étrangers, mais aussi les animaux (les bêtes), et même les femmes. Niant sa nature liminale, le village affirme son identité en créant des forces centripètes qui tendent vers le centre, le pareil, l'uniforme et qui engendrent des lois pour garder son homogénéité. Il s'apprête à combattre tout ce qui contredit à ses lois sociales: «Tu t’habitues ou tu t'en vas » (Tremblay, L’habitude des bêtes 34). Les éléments perturbateurs en face du centre ne peuvent que subir leur sort, ainsi le village, par de multiples conflits et affrontements, éradique de son milieu la diversité et la multitude, et se veut en isolement total. Souvent, ces lois despotiques, non écrites, font fuir ceux qui ne veulent pas s’y soumettre: les étrangers, les femmes et les animaux. Ne restent que ceux qui veulent à tout pris être gardiens des «mœurs» du village, se bercer dans un passé idyllique où tout correspond à la volonté du groupe. Dans notre communication, nous proposons d'étudier les paysages ruraux de Lise Tremblay dans son recueil de nouvelles La héronniere et dans son roman L’habitude des bêtes en analysant d’un point de vue écocritique les structures du village, les lois de la nature et de la société qui régissent les personnages. Mots-clés: analysis géopoétique/géocritique, écocriticisme, Lise Tremblay, liminalité Abstract “[...] the disaster which has been part of my life has been since I came back to the village. I can’t get it out of my head that it is the village that is responsible for Aline’s cancer. She had the cancer of the village” (Tremblay, La héronniére + 67 +