«[...] la catastrophe qu’a été ma vie depuis que je suis revenu au village. Je
n’arrive pas a m’enlever de la téte que c’est lui le responsable du cancer d’Aline.
Elle a attrapé le cancer du village» (Tremblay, La héronnière 98-99). A la
frontière de nature et société se trouve le village de Lise Tremblay — au Bas-du
Fleuve dans La héronnière (2003) et au Saguenay dans L’habitude des bêtes
(2017). Espace liminal qui, par pur désir de survie, est en constant conflit avec
les changements qu’apportent tous éléments extérieurs, les étrangers, mais
aussi les animaux (les bêtes), et même les femmes. Niant sa nature liminale,
le village affirme son identité en créant des forces centripètes qui tendent vers
le centre, le pareil, l'uniforme et qui engendrent des lois pour garder son
homogénéité. Il s'apprête à combattre tout ce qui contredit à ses lois sociales:
«Tu t’habitues ou tu t'en vas » (Tremblay, L’habitude des bêtes 34). Les éléments
perturbateurs en face du centre ne peuvent que subir leur sort, ainsi le village,
par de multiples conflits et affrontements, éradique de son milieu la diversité
et la multitude, et se veut en isolement total. Souvent, ces lois despotiques, non
écrites, font fuir ceux qui ne veulent pas s’y soumettre: les étrangers, les femmes
et les animaux. Ne restent que ceux qui veulent à tout pris être gardiens des
«mœurs» du village, se bercer dans un passé idyllique où tout correspond à
la volonté du groupe. Dans notre communication, nous proposons d'étudier
les paysages ruraux de Lise Tremblay dans son recueil de nouvelles La héron¬
niere et dans son roman L’habitude des bêtes en analysant d’un point de vue
écocritique les structures du village, les lois de la nature et de la société qui
régissent les personnages.
Mots-clés: analysis géopoétique/géocritique, écocriticisme, Lise Tremblay,
liminalité