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Enikő Sepsi

Rapport de Vinfini a la finitude dans Vacte
contemplatif. Deux exemples
distincts : Simone Weil et Yves Bonnefoy

« Comment savoir si le Pére lui-méme, notre pére éter¬
nel à tous, n'est que le Nom entre autres de la Déesse
blanche, celle qui se perd dans la nuit des temps, à en
être la Différente, l'Autre à jamais dans sa jouissance
— telle ces formes de l'Infini dont nous ne commençons
l'énumération qu'à savoir que c'est elle qui nous sur¬
prendra.»

LACAN, Préface à L'Eveil du printemps de Wedekind

Nous emprunterons deux voies d'analyse divergentes, qui néanmoins se croise¬
ront en plusieurs points nodaukx, afin d'appréhender la notion d’infini. La premiere
par une approche philosophique, l’autre plutôt poétique.

Simone Weil face à l'infini

Dans l’ontologie de Simone Weil, la Passion commença dès la Création, la créa¬
tion étant abdication, déchirure entre deux personnes divines à l’intérieur de
l’Un. La Passion ainsi conçue est immobile et intemporelle. Le temps, selon Si¬
mone Weil, est la borne que Dieu s'impose à Lui-même à travers l'existence de
l'homme. L'Éternel ne se réconcilie avec lui-même que grâce au temps qui se
supprime progressivement, et à l’intérieur duquel se déroule le processus « dé¬
créateur ». Une fois le moi « décréé », l’homme vit dans le moment présent où se
déroulent les événements nécessaires de ce monde. La pensée de Weil révèle
l'illusion du sujet voulant agir par lui-même pour obtenir l’être. L'insertion de
l'éternel dans le temporel se réalise ici par la résorption des facultés individuelles
dans la vérité de l’être grâce à l'attention non-objectale, qu’elle appelle l'attention
à vide, et dont l’origine est à rechercher dans le Baghavad Gita. L'attention est
le propre de l’état décréé qui est un acte de consentement vis-à-vis de la grâce
du Créateur qui descend de haut en bas. La possession du moi est la plus grande
illusion du sujet et cette illusion s’efface par le fait même qu'elle s'exerce. Une
fois ce processus déroulé (processus qu’elle désigne par la notion de « décréa¬

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