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ENIKŐ SEPSI

tion »), le sujet est capable de déchiffrer Vinfini inscrit dans le fini (lois physigues,
beauté du monde : contemplation des mouvements des astres, la nature du triangle
rectangle, pratigues religieuses, etc.).

x Les connexions nécessaires, lesguelles constituent la réalitéméme du monde,
n’ont elles-mêmes de réalité que comme objet de l’attention intellectuelle en
acte. Cette corrélation entre la nécessité et l’acte libre de l'attention est une
merveille. Plus est grand l'effort indispensable d'attention, plus cette merveille
est visible. Cela est beaucoup plus visible à l'égard des vérités fondamentales
concernant les quantités dites irrationnelles, comme la racine de deux, qu’a
l'égard des vérités fondamentales concernant les nombres entiers. (...) Cette
vertu de l’attention intellectuelle en fait une image de la Sagesse de Dieu. Dieu
crée par l’acte de penser. Nous, par l'attention intellectuelle, nous ne créons
certes pas, nous ne produisons aucune chose, mais pourtant dans notre sphère
nous suscitons en quelque sorte de la réalité’. »

La contemplation va, aux yeux de Weil, à l'encontre de l’imagination et des
passions, les deux manières qu’a l'esprit d’adhérer à la réalité. En effet, bien que
le surnaturel ne descende pas dans le domaine de la nature, la nature est pourtant
changée par la présence du surnaturel.

«Nous sommes comme des naufragés accrochés à des planches sur la mer et
ballottés d’une manière entièrement passive par tous les mouvements des
flots. Du haut du ciel Dieu lance à chacun une corde. Celui qui saisit la corde
et ne la lâche pas malgré la douleur et la peur, reste autant que les autres
soumis aux poussées des vagues ; seulement ces poussées se combinent avec
la tension de la corde pour former un ensemble mécanique différent’. »

Le même processus de délivrance se fait dans la bonne poésie, selon Simone
Weil (les mathématiques étant d’ailleurs pour elle une sorte de poème mystique
composé par Dieu même). C’est dans la poésie de Mallarmé que Simone Weil
croira trouver l’incarnation de ce postulat métaphysique. Ladmiration de Weil
pour Mallarmé provient de ses études et des influences de son maitre Alain et
de Paul Valéry. Elle cite à trois reprises Mallarmé ; la première de ces références
à Mallarmé, rapportée par Anne Reynaud, une des élèves de Weil, distingue deux
attitudes élémentaires, profondément humaines, relatives à notre perception de
l'écoulement du temps. Il est en effet possible, d’une part, de s’abandonner à

1 Simone Weil, Intuitions pré-chrétiennes. Paris, Fayard, 1985, p. 154-155.
2 Ibidem, p. 162-163.
3 Ibidem, p. 161.

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