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NIKOLETTA HÁZAS

x Limage brűle. Elle brűle du réel dont elle s’est, 4 un moment, approchée
(comme ont dit, dans les jeux de devinette, «tu brüles » pour x tu touches presque
Vobjet cache»). Elle brüle du desir qui ’anime, de l’intentionnalite qui la structure,
de l’enonciation, voire de l’urgence qu’elle manifeste (comme on dit «je brûle
pour vous » ou «je brûle d’impatience »). Elle brûle de la destruction, de l'incendie
qui faillit la pulvériser, dont elle réchappa et dont, par conséquent, elle est capable
aujourd’hui d'offrir encore l'archive et la possible imagination. Elle brûle de la
lueur, c'est-à-dire de la possibilité visuelle ouverte par sa consumation même:
vérité précieuse mais passagère, puisque vouée à s’éteindre (comme une bougie
nous éclaire mais, en brûlant, se détruit elle-même). Elle brûle de son intempestif
mouvement, incapable qu'elle est de s'arrêter en chemin (comme on dit «brûler
les étapes »), capable qu’elle est de toujours bifurquer, de brusquement partir
ailleurs (comme on dit « brûler la politesse »). Elle brûle de son audace, lorsqu'elle
rend tout recul, toute retraite impossibles (comme on dit «brûler les ponts » ou
«brûler ses vaisseaux »). Elle brûle de la douleur d’où elle vient et qu’elle procure
à quiconque prend le temps de s’y attacher. Enfin, l’image brüûle de la mémoire,
c'est-à-dire qu’elle brûle encore, lors même qu'elle n’est que cendre: façon de dire
son essentielle vocation à la survivance, au malgré tout. »

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