tinctes sont organisées selon un arrangement séquentiel à l’intérieur duquel
un acte cognitif émergerait de la convergence graduelle de modalités senso¬
rielles variées vers des régions associatives ou multimodales et des aires
frontales de plus haut niveau, en vue de décisions et de la planification d’actes
comportementaux. La perspective séquentialiste traditionnelle s'inscrit dans
un cadre conceptuel où la métaphore de l'ordinateur est centrale — ainsi que
l’idée d’un flux montant d'informations. Ici, au contraire, je mets en avant la
forte prédominance des propriétés de la dynamique des réseaux, qui substi¬
tuent à la séquentialité une détermination réciproque et un temps de relaxa¬
tion‘. »
Il faut pourtant que les effets engendrés par ces assemblées dispersées soient
conservés pour être liés ensuite (phase de coordination) et provoquer l'émergence
d’un acte cognitif déterminé. Que la période d'intégration ne soit pas fixe, certes,
mais il n'empêche que l’intégration suppose la conservation des informations
détenues et transmises par ces assemblées pour qu’une synchronisation (plutôt
qu'une autre) soit activée. La mobilisation des assemblées n’est donc pas aléatoire,
et suppose par conséquent, un réseau de séquences informatives prédéterminées,
dont l'activation s'effectue en fonction des actes cognitifs sollicités par le
« milieu »* (au sens très général d'environnement physique, psychologique,
social, etc.) dans lequel évolue le sujet:
«Il y a une continuelle co-évolution épigénétique du corps en action et du
cerveau actif, dont l’activité implique une influence mutuellement structurante
entre les quasi-cartes sensorielles et motrices, lesquelles sont enchevêtrées
et fonctionnellement interdépendantes. Cette relève d’une conception topo¬
graphique de la relation corps — cerveau par une conception pragmatique
annonce la fin de l’idéologie dualiste de la représentation dérivée de la théo¬
rie de l'esprit des sciences cognitives, et l'avènement d’une philosophie de
l’action en accord avec les neurosciences contemporaines". »
L'idée centrale que nous avançons ici est que les fonctions cérébrales sont
préfigurées pour être coordonnées, nous parlons donc ici d'une mémoire originelle,
ou génétique, où seraient conservées les aptitudes et potentialités spécifiques à
chaque organisme humain. Par mémoire génétique, nous entendons précisément
48 Ibidem, p. 352.
4° A propos de l’organisation intrinsèque de l'esprit en rapport avec son environnement propre (ou
Umwelt, pour reprendre l'expression de Jakob Johann von Uexküll), nous renvoyons au concept
d'énaction développé par Varela dans plusieurs ouvrages (notamment dans Invitation aux sciences
cognitives, 1988).
5° Jean Luc Petit, « Repenser le corps, l’action et la cognition avec les neurosciences ». In Intellectica,
n° 36-37, 2003, p. 13.