LE TEMPS COMME FORME DE LA CONTEMPLATION - PERSPECTIVES PHENOMENOLOGIQUES
informations manifestent une interdépendance évidente une fois quelles sont
mobilisées et liées au sein d’une séquence homogène ; séquence qui coincide avec
un ordre d’enchaînement spécifique desdites informations en fonction d’une fin
prédéterminée (par exemple, l'émergence d’un acte cognitif élémentaire). Ces
informations sont pour ainsi dire contractées dans une durée singulière dont le
flux immanent coincide avec l’incompressibilité de la séquence qui s’actualise :
« Selon cette optique, le flux constant des activations sensorielles et de leurs
conséquences motrices est incorporé au sein d’une dynamique endogéne (qui
n’est pas computationnelle-informationnelle) conférant au vécu son épaisseur
et son incompressibilité*. »
La base de cette dynamique endogène est difficile à penser sans l’activité d’une
«mémoire » qui conserve dans le temps les informations transmises par un
certain nombre d'événements élémentaires (d'échelle ”1/10”) et favorise ainsi
l'intégration de ces informations dans des séquences de plus en plus complexes
aboutissant à des actes cognitifs d'échelle ”1”. Varela parle de « fenêtres
d’intégrations » pour décrire ce processus d'émergence des actes cognitifs :
«Ces fenêtres d'intégration constituées de façon endogène rendent compte
du caractère discret et non linéaire du temps perçu; non linéaire dans la
mesure où ce caractère discret est plus un horizon d'intégration qu’une chaîne
de quanta temporels”. »
Mais cet « horizon d’intégration » ne suggére-t-il pas l’application d’un
«programme » en vertu duquel chaque élément intégré se voit conférer une
position spécifique dans une séquence, ou plus précisément dans un regroupement
coordonné de séquences visant à l’accomplissement d’une tâche cognitive
déterminée ? Ce point nous semble essentiel, et insuffisamment abordé par Varela.
Le problème que nous soulevons ici est avant tout celui des conditions de
conservation des informations dans le temps, conservation qui favorise et même
détermine la constitution de ces « fenétres d’intégration » mentionnées par Varela.
Ce dernier souligne que l’un
«[...] des résultats majeurs des neurosciences modernes est d’avoir montré
que les régions cérébrales sont effectivement interconnectées de façon réci¬
proque [...]. Quelles que soient les bases neurales des différentes tâches co¬
gnitives, celles-ci engagent donc forcément de vastes régions du cerveau
géographiquement séparées. On ne peut pas considérer que ces régions dis¬
% Jbidem, p. 350.
47 Ibidem, p. 351.