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ADRIANO OLIVA

qui montre la fin qu’ils ont choisie pour leur vie. I] distingue ainsi, a la suite
d’Aristote, deux formes de vie auxquelles les vivants se consacrent principale¬
ment : la vie contemplative et la vie civile ou active’. Continuant a suivre Aristote,
il définit la vie humaine comme vie selon l’intellect, la faculté la plus noble de
l’âme humaine, celle qui le distingue des animaux, et qui le rapproche des intel¬
ligences supérieures, les angesÿ. L'intellect humain étant a la fois spéculatif et
pratique, il pose deux actes : la considération de la vérité simple et la considéra¬
tion des actions à accomplir; selon ces deux genres d’actes on peut distinguer la
vie contemplative et la vie active.

La contemplation consiste dans l’action la plus haute de l’intellect, une sorte
de «vision simple de la vérité (intuitum simplicem veritatis) »*, comparable à
l'intuition des premiers principes de l’intellect spéculatif («la partie est plus
petite que le tout »; « si a deux choses égales on soustrait une partie égale, elles
restent égales »; « une chose ne peut pas étre vraie et fausse en méme temps et
sous le méme aspect » et ainsi de suite), 4 savoir, des vérités que l’on saisit sans
raisonnement, du simple fait de leur énoncé’.

Cette contemplation étant l'acte le plus noble que l’être humain puisse ac¬
complir, il s’en suit que la fin de la vie humaine, celle qui la réalise à son plus
haut degré, est une action de ce genre, qui porte sur la vérité la plus haute, Dieu,
la contemplation de la vérité divine sera donc la fin ultime et la béatitude de
V’homme’. Ce raisonnement Thomas le tire directement du livre X de l’Éthique

2 V. In III Sent., d.35, q.1, a.1 (éd. M. F. Moos, Paris, 1933, p.1171-1174); II*-II”, q.179, a.1 et 2
(ed. Leonina, t.10, p.421-422). - Dans les références aux ceuvres de Thomas d’Aquin, l’auteur n’est
pas mentionné. Les traductions des textes latins cités sont de nous.

3 In Ill Sent., d.35, q.1, a.2, sol.2, ad 1m (ed. M. F. Moos, p. 1179, n. 39).

4 IF-II”, q. 180, a.3, ad 1m (éd. Leon., t. 10, p.427); cf. In III Sent., d.35, q.1, a.2, qla2, sed c. (ed.
Moos, p. 1176, n. 26). Nous avons étudié la notion de contemplation et l’usage qu’en fait Thomas,
dans Adriano Oliva, « La contemplation des philosophes selon Thomas d’Aquin », Rev. Sc. phil. theol.,
96, 2012, p. 585-662.

5 V.I* Pars, q.17, a.3, ad2m: « Nam principia per se nota sunt illa quae statim, intellectis terminis,
cognoscuntur, ex eo quod praedicatum ponitur in definitione subiecti » (ed. Leon., t. 4, p. 222) ; 1-1“,
q. 180, a.6, ad2m: «... ut, cessante discursu, figatur eius [scil. du contemplateur] intuitus in
contemplatione unius simplicis veritatis. Et in hac operatione non est error: sicut patet quod circa
intellectum primorum principiorum non erratur, quae simplici intuitu cognoscimus » (éd. Leon.,
t. 10, p. 431).

6 V. In III Sent., d. 35, q. 1, a. 2, sol. 3: « Et similiter etiam felicitas contemplativa, de qua Philosophi
tractaverunt, in contemplatione Dei consistit ; quia secundum Philosophum, X Ethic. [1177a12sqq],
consistit in actu altissimae potentiae quae in nobis est, scilicet intellectus, et in habitu nobilissimo,
scilicet sapientia, et etiam objecto dignissimo, quod Deus est. Unde etiam Philosophi ultimum tempus
vitae suae reservabant, ut dicitur, ad contemplandum divina, praecedens tempus in aliis scientiis
expendentes, ut ex illis habiliores fierent ad considerandum divina » (éd. Moos, p. 1179, n. 44) ; [/*-II*,
q. 180, a. 4, resp.:« Principaliter quidem ad vitam contemplativam pertinet contemplatio divinae
veritatis, quia huiusmodi contemplatio est finis totius humanae vitae » (éd. Leon., t. 10, p. 427).

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