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Adriano Oliva

La contemplation, ses composantes
et ses objets selon Ihomas dAguin

Une simple recherche dans la base de données des ceuvres des auteurs latins des
Péres de VÉglise aux auteurs du moyen áge montre que trés rarement les formes
du lemme contempla* -tio, -ari, -are sont associées a celles du lemme infinit* -um,
et que l’infini n’est jamais pris a lui seul comme objet de contemplation, mais
toujours comme qualificatif de Dieu, de sa puissance, de ses œuvres. Si l’on peut
aujourd’hui organiser un colloque sur « Contempler l'infini », c'est que la concep¬
tion de l'infini a évolué depuis l’antiquité et le moyen âge!. Nous avons donc
décidé d'étudier les composantes de la contemplation selon Thomas d'Aquin, car,
à cette occasion, l’Aquinate énumère certains objets de contemplation. Cela nous
permet d’élucider d’abord sa notion de contemplation et d’en apprécier l'étendue.
On montrera ensuite les différentes acceptions d’infini que l’on rencontre dans
ses œuvres, pour voir, enfin, quel sens pourrait avoir chez lui la proposition « con¬
templer l'infini ».

Contempler selon Thomas d’Aquin

Dans les deux traités qu’il consacre à l'étude des formes de la vie humaine, Tho¬
mas commence par considérer la vie concrète des hommes, ce à quoi ils se
consacrent principalement, «le militaire au combat, l’ivrogne à la boisson », et

1 La base de données consultée est celle de BREPOLIS. Sur l’histoire de la notion d’infini, v. par ex.:
Leo Sweeney, Divine Infinity in Greek and Medieval Thought. Préf. D. O’Brien, New York, Peter Lang,
1992 ; Antoine Côté, L'infinité divine dans la théologie médiévale (1220-1255). Paris, Vrin, « Études de
philosophie médiévale » 84, 2002 ; Anne A. Davenport, Measure of a Different Greatness. The Intensive
Infinite, 1250-1650, Leiden, Brill, «Studien un Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters » 67,
1999 ; Les études philosophiques, octobre 2009-4, p. 451-590 ; Alexandre Koyré, Du monde clos à l'univers
infini. Trad. R. Tarr, Paris, PUF, 1962 ; Paul Vignaux, « Hommage à Alexandre Koyré. De la théologie
scolastique à la science moderne », in Rev. d'Histoire des sciences et de leur applications. 1965, 18 n.2,
p. 141-146; Michel Blay, Les raisons de l'infini. De l'univers clos à l'univers mathématique. Paris,
Gallimard, « NRF Essais », 1993; T. Koetsier, L. Bergmans (éd.), Mathematics and the Divine: A
Historical Study. Amsterdam, Elsevier, 2005.

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