Vins rouges Vins blancs
Entre-Deux-Mers | 60a 75 Barsac, Preignac, 84499
Pujols, Fargues
Cötes 72 à 84 Cerons, Podensac | 72490
Palus 90 à 105 Castres, Portets 60 à 75
Li F .
ibourne, Fronsac, 54460 Saint-Émilion | 66.478
Guitres, Coutras
Bourg 66 a 78 Castillon 60 à 66
Blaye 54 à 72 Rions, Cadillac |72 à 84
Saint-Macaire 72 à 90 Sainte-Croix du 72 à 90
Mont
Benauges 54 à 60
Délibération des jurats de Bordeaux fixant le prix des vins de la sénéchaussée, établi le 29 octobre 1647
Au milieu du XVII siècle, la hiérarchie est déjà réelle. Quelques « valeurs sûres »
sont en place. Les blancs liquoreux ont conquis leur réputation, en particulier ceux
de Langon, Bommes et Sauternes, immédiatement suivis par les terroirs voisins
de Barsac, Preignac, Pujols et Fargues, selon un système de cercles concentriques,
dont le centre est Sauternes. L'installation du vin blanc dans la région est réalisée
dès la seconde moitié du XVI siècle, où les mentions d’encépagement en blanc
se multiplient‘. De même à Preignac*, dans les années 1560-1570, les rentes ou
les redevances portent sur des vins blancs. Parmi les vins rouges, les Graves et le
Médoc occupent une place de choix, mais en cette année 1647, ce sont bien les vins
de palus qui sont les mieux cotés. La localisation par rapport au fleuve, qui déter¬
mine les facilités de transport, explique en partie ce plébiscite, mais c’est surtout
le goût des marchands hollandais qui prime. La preuve en est que ceux-ci sont in¬
vités aux délibérations qui se sont tenues pour établir la classification. La clientèle
hollandaise avait en effet encouragé depuis une quarantaine d’années ces « vins de
cargaison » se bonifiant lors des traversées. Ces terres alluviales, grasses et fertiles,
furent conquises au début du XVII siècle grâce à la politique d’assèchement enga¬
gée sous Henri IV et conduite à Bordeaux par Conrad Gaussen. Elles donnent un
vin noir et fort, tiré d’un cépage adapté à ces sols humides et gras, le Petit Verdot’.
Le tonneau se négocie alors entre 90 et 105 livres alors même que les Graves et
les Médoc ne s’échangent qu'entre 78 et 100 livres. Mais peut-être ne s'agit-il la
* Sandrine Lavaud, « Le Sauternais avant le Sauternes : genèse d’un terroir viticole », dans Le vin à travers
les âges, produit de qualité, agent économique, Bordeaux, Féret, 2001, p. 227-243 en particulier p. 237. Voir
surtout Stéphanie Lachaud, Le Sauternais moderne, Bordeaux, FHSO, 2012, p. 110-113 sur le Sauter¬
nais au XVII siécle.
5 M. Rajchenbach, Preignac, commune du Sauternais, TER dactyl., Université de Bordeaux 3, 1971.
° Henri Enjalbert, « La naissance des grands vins et la formation du vignoble moderne de Bordeaux :
1647-1767 », dans Géographie historique des vignobles, Bordeaux, CNRS, 1978, p. 59-92.