des facteurs qui appartiennent inévitablement a la nature
humaine.!! Les passions et les désirs sont innés et, en tant que
tels, échappent à tout contrôle volontaire. De plus, la fatalité
détermine la force de nos inclinations à agir avec passion et la
mesure dans laquelle on est capable de modérer ces
inclinations de manière rationnelle. En ce sens, la propension
à un comportement impulsif peut être considérée comme une
sorte de malchance, comme une analogie avec la loterie
naturelle de Rawls. !? Par conséquent, les actes nuisibles
induits par la passion peuvent étre placés au croisement des
trois catégories aristotéliciennes: les actes d’injustice, les
erreurs et le malheur. Ils sont en partie délibérés et sous notre
contrôle, en partie irrationnels si nous manquons de maîtrise
de soi et ils sont également hors de notre contrôle dans la
mesure où ils proviennent de nos dispositions naturelles.
En étudiant la nature des actes passionnels, Aristote à
considéré l’être humain réel et faillible, enclin à la colère,
plutôt qu’une figure fictionnelle avec un sens éthique
impeccable. La séparation d’une telle catégorie d’actes était
justifiée par le fait qu’Aristote considérait l’individu humain
non seulement comme une créature rationnelle mais aussi
émotionnelle. Ce faisant, il a jeté les bases d’une anthropologie
beaucoup plus réaliste que celle de l’économie
comportementale.
Prenons un exemple où l’aspect moral et éthique peuvent
être nettement séparés dans un cas juridique concret. Les faits
sont les suivants : plusieurs marchands ont chargé du grain
dans le bateau d’un certain Sauféius.!? Le marin a remis sa part
à lun des marchands du port de destination Le navire a
ensuite coulé. La question juridique était de savoir si les autres
commerçants pouvaient intenter une action appelée acfio oneris
aversi contre le marin pour le «détournement» (c’est-à-dire la