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DE LA BONNE MONNAIE

M. le Comte Blome salue sa Grandeur au nom des membres du Congrès
accourus a Fribourg pour répondre à l'appel qu’elle a daigné leur adresser.

« Vous m'avez fait savoir Monseigneur que le Saint Père desire la
continuation de nos études et de nos réunions. Elles deviennent dès lors un
devoir pour nous. Nous sommes venus à votre invitation pour remplir ce
devoir sous la haute inspiration de vos conseils. » Le Comte Blome signale le
caractère propre de nos réunions ; il ne faut pas attendre qu'elles portent des
résultats immédiats et effectifs ; déjà elles fortifient l’union, elles apportent
un encouragement pour les luttes que les membres soutiennent dans leurs
pays respectifs, elles élargissent l'horizon des pensées en faisant connaître les
idées particulières à chaque groupe. Dans un avenir plus ou moins prochain, il
peut en sortir des travaux propres à servir de direction aux congrès nationaux,
comme ceux qui se tiennent en Allemagne, en France, comme celui qui vient
de se tenir à Liège! ; mais n’y eût-il que le résultat acquis d'encouragement et
d'enseignement mutuels, ce serait beaucoup.

Il y a deux genres de périls à éviter dans les études de l’Union, le libéralisme
et la statolatrie. La vérité est une digue contre deux erreurs, deux précipices ;
notre génération imprégnée de libéralisme n’a guère à craindre l'erreur
opposée. Pour éviter la statolatrie, il faut se garder de verser ou de rester dans
le libéralisme.

Le comte Blome remercie Monseigneur pour la remarquable nécrologie dont
il a honoré notre regretté confrère le Comte Manna’ et adresse à sa Grandeur
la nouvelle expression de la reconnaissance générale pour l’hospitalité de
l’Evêché.

Monseigneur bénit l'assemblée et, remerciant le Comte Blome, rappelle les
services déjà rendus par lui à la cause catholique dans leur étroite collaboration
de Genève.i L'étude des questions sociales s'impose ; elle est un devoir pour les
hommes placés dans certaines conditions sociales, ainsi que l'ont compris du
reste les hommes réunis ici et qui y consacrent leur vie.

Elle est un devoir surtout à cause de la satisfaction formelle que le Saint Père
lui a exprimée personnellement cet hiver, de voir ces hommes qu’il connaît
pour la plupart, s'être réunis ici dans ce but et du désir qu'a sa Sainteté de
voir ces réunions se continuer. Il sait combien ces questions sont ardues,
quand elles doivent aboutir à des solutions pratiques : ainsi qu’il l’a écrit aux
organisateurs du congrès de Liège : « arduam quo ad praxim. »

Le péril social, longtemps nié, apparaît maintenant à tous les yeux ; l’école
doctrinaire s'émeut ; elle se borne à ne recommander que le retour individuel
aux vertus du christianisme et la fondation des oeuvres philanthropiques. Le
langage qu’elle tient ramène la pensée à l’époque de 48 ou M. Thiers,‘ pour
conjurer le péril social, fit paraître un petit traité sur la propriété qui ne
convainquit [sic] que les propriétaires.

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