déchangeable a laquelle les économistes accordent une importance telle qu’ils
ne voient plus quelle.
Or, de tous les objets, la terre est incontestablement celui qui, par sa nature
méme, est doué de la plus grande valeur utile ; nous croyons en outre que la
valeur échangeable ne peut lui étre attribuee qu’a titre presque exceptionnel.
Ne fut-ce que pour ce motif, il est déja bien évident que le sens trop exclusif
donné au mot valeur par les économistes modernes devait les entrainer
dans beaucoup d’erreurs concernant le régime le plus approprié aux biens
immobiliers. C’est ce qui est arrivé en effet et nous aurons a prendre, cette fois
encore, le contre-pied des doctrines de l’économie libérale, si nous voulons
nous livrer à l'étude de la question agraire.
Et d’abord constatons que la pulvérisation mise à la place des lieus sociaux
et la mobilisation des biens fonciers ont la même cause et découlent d’une
même erreur. Il n’est jamais inutile de montrer quelle influence les doctrines
matérialistes exercent sur le sort et sur la prospérité des sociétés humaines
et combien il est vrai que la science économique moderne n’est en quelque
sorte que la mise en pratique de ces doctrines dans le champ si complexe
des intérêts humains. Aussi a-t-elle contribué dans un degré effrayant a la
décadence dont les signes saut devenus si visibles malgré l'éclat de certains
progrès matériels faits pour éblouir les gens sans cervelle.
La contradiction entre la décadence sociale et les progrès de ce qu’on appelle à
tort la civilisation, n’est qu’apparente ; car ces progrès eux-mêmes, dans l’ordre
où ils se réalisent, sont un fruit de l’égoïsme et de l’amour du gain. Or, le signe
le plus sur d’une décadence est précisément la propagation, ou pourrait dire
la contagion de l’égoïsme et rien n’a aidé davantage à son développement que
la pulvérisation sociale qui se résous dans un individualisme absolu. L'égoïsme
en effet appelle besoin d'indépendance et de liberté, un affranchissement
coupable de toute solidarité gênante, qui conduit à pas plus ou moins rapides
vers la licence et l’anarchie. La loi morale peut seule imposer un frein à cet
amour désordonné de soi-même, et des liens moraux peuvent seuls empêcher
la dissolution peut parfaitement coïncider avec un développement de progrès
matériels que facilité la poursuite du bien-être et de la jouissance par tous les
égoïsmes à la fois. On a même déjà fait cette observation que l'épanouissement
«des industries de luxe et du luxe de l’industrie » est un des signes de décadence
qui trompent le moins.
Mais l'égoïsme finit par amener lui-même sou propre châtiment et la
pulvérisation sociale a déjà causé tout de maux que les penseurs sont loin d’être
seuls à réclamer un retour au régime corporatif. L'intérêt et les souffrances des
ouvriers leur fout invoquer le secours de ces lieus qui les unissaient jadis selon
certaines règles et qui, tout en enlevant quelque chose à la liberté individuelle,
assurait à tous une défense, une protection et des garanties contre certains
excès de misère. L’égoïsme commence donc à comprendre que le moi a plus