La question agraire est née de l’oubli des prescriptions de la justice et de la
charité chrétiennes.
Aussi les crises agraires sont-elles beaucoup plus aigues dans les pays non
chrétiens que dans ceux qui ont gardé la foi.
Le soussigné habite un pays de foi et de pratique religieuse, aussi la crise
agraire se fait-elle sentir à peine, les fermes sont toutes occupées, l’activité
agricole est restée grande et les propriétaires, les métayers ou les fermiers
vivent en harmonie parfaite, toute l’année ensemble, à la campagne, frères
devant Dieu, égaux à l’Église, amis au dehors.
Pour guérir ou prévenir les crises agraires, il faut donc rétablir dans les
campagnes les prescriptions de la justice et de la charité chrétiennes.
Ces prescriptions sont les suivantes :
1. Les propriétaires doivent se regarder comme les mandataires de Dieu.
2. Les pauvres doivent pouvoir vivre dans la petite société paroissiale formée
si heureusement par l’Église.
3. Chacun doit pouvoir se créer un foyer, chaque foyer doit pouvoir
se maintenir, et chaque famille doit pouvoir vivre de son foyer. Le
développement de ces trois propositions conduit à la solution des
principales questions agraires.
En effet :
a) Le propriétaire, étant la mandataire de Dieu, ne pressurera point
ses fermiers, n’exigera que la portion légitime de la rente foncière,
habitera à son foyer, vivra en relations amicales avec ses tenanciers et
sera leur conseiller et leur guide : il donnera l’exemple de la piété, son
foyer sera chrétien ; il aidera à la création des corporations agricoles,
sera le collaborateur discret du Curé, des Frères instituteurs, de la sœur
institutrice, fera l’'aumône, réalisera en un mot le type admirable du
propriétaire chrétien.
b) Les biens communaux, les droits de parcours, les vaines pâtures, les
biens des corporations, les biens d'Église offriront aux familles pauvres
des ressources extrêmement précieuses qui leur permettront d’avoir des
bestiaux et de faire vivre leur famille.