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DE LA BONNE MONNAIE

Personne ny songe vu gue, des guatre Etats susnommés, un seul subsiste
encore et subsistera toujours : le clergé, tandis gue les autres sont confondus
dans la masse. La noblesse n’est plus qu’un titre et un sentiment traditionnel,
dépourvu qu’elle est de la base matérielle qui, dans les temps jadis marquait
ses devoirs particuliers et les droits correspondants. Le quatrième Etat lui
aussi est plus ou moins, comme la noblesse, assimilé à la bourgeoisie. Le tiers
Etat est devenu ce Tout voulu par Sièyes! ; en absorbant toutes les distinctions,
toutes les charges, toutes les libertés, il a créé l’antagonisme aujourd’hui
régnant entre le riche et le pauvre. Si la noblesse n’est qu’un souvenir, et si la
classe des paysans se meurt dans l'anarchie actuelle, où trouver des éléments
propres à la réorganisation de la société !!

Dans cette multitude d'individus désagrégés qui composent une nation,
quels sont les groupements indiqués par la nature, et qu'on pourrait choisir
pour reconstruire un édifice social composé de parties distinctes mais reliées
entre elles par l'intérêt commun du patriotisme ? Nous ne voyons que des
professions. Ce sont elles aussi qui ont jadis formé la base des Etats. Le clergé
est une profession, la culture des propriétés rurales est une profession, fonction
dans l’origine, la noblesse est de bonne heure devenue une profession à son
tour, par le métier des armes et de la culture de grands domaines ruraux ;
le tiers Etat, enfin, se composait de divers groupes professionnels pour le
commerce et l’industrie. Voilà pourquoi le groupement par professions se
présente à la pensée de tous ceux qui cherchent aujourd’hui une voie pour
sortir du chaos.

La corporation est la forme sous laquelleles diverses professions de l’ancienne
bourgeoisie sauvegardaient leurs intérêts et exerçaient leur influence légitime
dans le corps social. Dans les arts et métiers, ainsi que dans certaines autres
branches de l’activité publique, les vestiges de ces corporations ont même
survécu à la débâcle générale, et on a essayé, dans quelques pays, de leur
rendre une existence légale. La corporation répond aussi aux instincts, sinon
aux voeux explicites des parties intéressées.

Partant de ces données, l’idée d'étendre le régime corporatif à la grande
industrie d’abord, puis à toutes Les professions quelconques, s’est fait jour, se
propage et s'impose à l'examen des penseurs préoccupés par la question sociale.
Au sujet de la nation la plus avancée dans la décomposition révolutionnaire, le
Prince de Metternich,’ déja en 1840, écrivait au marquis de St-Aulaire? :

« Les bons esprits en France ne trouveront le Ciment propre a la
reconstitution de l’édifice social que dans les voies de... la corporation. »

Ce qui alors n'était guère compris, est reconnu comme juste par un grand
nombre de personnes aujourd’hui, et ce qui était vrai surtout pour la France,
il y a quarante six ans, l’est de nos jours également pour la plupart des autres

pays.

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