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DE LA BONNE MONNAIE rien a sa valeur réelle. La justice que les socialistes invoquent ne méritent pas ce nom ; nous faisons au contraire appel expressément, non a une prétendue justice que chacun imaginerait 4 sa guise, mais a la justice chrétienne dont les lois sont interprétées par l’Église. Or, il est certain que cette justice doit être, non seulement la base, mais tout l’objet des législations humaines « Lex humana, dit Saint Thomas (I. 2, quest. C, art. 2), ordinatur ad communitatem civilem, quae est hominum ad invicem. Homines autem ordinantur ad invicem per exteriores actus, quibus homines sibi invicem communicant. Hujusmodi autem communicatio pertinet ad rationem justitiae, quae est proprie directiva communitatis humanae. Et ideo lex humana non proponit praecepta, nisi de actibus justitiae ; et, si praecipiat actus aliarum virtutum, hoc non est nisi inquantum assumunt rationem justitiae.» Nous parlons donc conformément a la théologie catholique lorsque nous disons que l'Etat doit régler son intervention sur les lois de la justice et lorsque nous ajoutons que la charité, lesprit de sacrifice et les autres vertus indispensables à la perfection chrétienne, ne sont pas matière à législation. Autant il est bon de conseiller et de prêcher ces vertus, en tout état de cause, autant il est hors de propos de s’en rapporter exclusivement à elles, pour écarter toute idée d’une réforme des lois matérialistes modernes. Les lois économiques actuelles sont-elles injustes ou produisent-elles des injustices? Elles doivent dans ce cas être modifiées dans un esprit chrétien. Telle est notre thèse et quoique nous ne demandions pas la condamnation de ceux qui croient aux avantages de la liberté du travail, nous nions qu’on ait le droit de l’imposer comme un dogme, ni comme un produit de la civilisation chrétienne. C’est au contraire depuis que l'Etat a cessé d’être chrétien qu'il s'est considéré comme ayant surtout pour fin de favoriser avant tout le développement des intérêts matériels. Il est à remarquer que certains socialistes ont reconnu la supériorité des anciennes législations chrétiennes sur les législations modernes. S'il est vrai, comme nous le croyons, comme le croyait Mgr de Ketteler et comme le croient beaucoup de catholiques allemands et autrichiens, que la guerre sociale qui est imminente provient en grande partie des lois imaginées et promulguées par les écoles révolutionnaires, il y a un grand rôle à prendre pour une école d'économie chrétienne. Une telle école n’a rien à inventer ; à l'époque où l'Église inspirait et guidait les législations européennes, les théologiens ont tracé des règles salutaires qui doivent être modifiées en raison du temps, mais dont les principes restent vrais." Montrer aux ouvriers que le meilleur moyen d'améliorer leur sort serait de revenir aux principes des législations chrétiennes ; leur prouver qu'on s'intéresse à eux ; leur dire que l’Église a toujours été leur protectrice équitable et maternelle, ce serait assurément l'oeuvre de prosélytisme la plus salutaire. +63 +