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CANADIAN LANDSCAPES/ PAYSAGES CANADIENS
les mœurs de la campagne, elle représente minutieusement les habitudes des
personnages, ainsi que les plats qu'ils y préparent. Nous apprenons, par exemple,
que les femmes habitant dans les parties rurales du Canada, à la lisière des
grandes forêts, n’ont pas le temps de — citons les propos d’une élève de Gabrielle
Roy — «‘faire le ménage, de ramasser aux moins le plus gros, ni même de faire
son gâteaux’ » (Roy Ces enfants de ma vie 112) ; que les paysans y ramassaient,
bien entendu, des champignons (113). En occasion d’un dîner, on lui offrait une
omelette (131-132) ; on pouvait y gouter de la gelée de pembina, offerte par un
voisin, immigré islandais: il s’agit de Viburnum trilobum, c'est-à-dire de la
viorne de l'Amérique du Nord, une espèce de baie rouge semblable à l’airelle
ou canneberge. On lui a offert aussi des crêpes préparées à la maison (135), du
café frais moulu et du beurre baratté à la maison (136). Gabrielle Roy décrit
aussi l'ambiance du repas: «Ce que nous avons mangé pour souper, je ne m'en
souviens guerre. Cela n’avait pas d'importance. Ce qui devient inoubliable, ce
fut le réconfort et la tendre beauté de cet intérieur, ces deux lampes allumées
[...] » (135).
Dans la nouvelle intitulée « De la truite dans l’eau glacée», l’auteure nous
décrit ainsi la rencontre, durant une excursion dans la forét avec un éléve
aventurier, avec des truites qu’un Anglais, qui vivait dans une cabane, avait
ensemencé dans un ruisseau (159). Dans le chapitre suivant de cette nouvelle,
l’auteur nous fait découvrir l'ambiance d’un diner formel dans la maison bour¬
geoise régie par le père de Médéric ainsi que les us et coutumes de ce milieu
culturel.
Vedette d’une génération moderne des écrivains québécois, Gabrielle Roy,
de manière réaliste, fait voir le quotidien de la société qu'elle représente, ainsi
que le fossé qui existe avec la génération précédente, lié surtout aux valeurs de
la vie en milieu rural. C’est la vitesse de la vie au milieu urbain qui l'emporte
déjà et qui modifie les habitudes alimentaires.
LA NOURRITURE DANS LE CONTEXTE DE LA MÉTROPOLE
ET DU MULTICULTURALISME: LES CONTES DE MONIQUE PROULX
Nous traverserons encore une quarantaine d’années pour nous pencher sur le
recueil de nouvelles Aurores montréales de Monique Proulx, auteure récom¬
pensée québécoise. Le milieu qu’elle représente est celui d’une métropole
moderne. Notamment, Montréal y est peint à travers son cosmopolitisme, ses
lieux de mémoire’, tels que le quartier Saint-Henri, puis Mont Royal et d’autres,
puis par les non-lieux (Augé 122), c’est-à-dire les espaces non-identitaires,
interchangeables, où l'être humain reste anonyme (les cabines téléphoniques,
2 Dans le sens de Pierre Nora.
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