OCR Output

TIMEA GYIMESI

ORCHIDEE™, » ou un autre ce dont nous essayons de faire l’expérience: LE¬
COLLOQUE-CONTEMPLER-INFINI...

On devient « bégue » avec l’infinitif qui « hérite [...] de la communication des
événements entre eux“. » Préhension et contemplation, l’infinitif laisse entendre
l’univocité multiple par rapport à l’équivocité des mots:

«Le Verbe est l’univocité du langage, sous la forme d’un infinitif non déter¬
miné, sans personne, sans présent, sans diversité de voix. Ainsi la poésie
même. Exprimant dans le langage tous les événements en un, le verbe infini¬
tif exprime l'événement du langage, le langage comme étant lui-même un
événement unique qui se confond maintenant avec ce qui le rend possible“. »

L'analyse de l'événement conduit Deleuze à établir des modèles, ou pour
reprendre la phrase de Jacques Rancière : « Deleuze n'étudie pas des œuvres, il
formalise des expérimentations“. » Ainsi l’un des modèles formalisés, contemplés
ou contractés à l’œuvre dans tout acte de création est le diagramme permettant
de décomposer l'événement suivant sa dynamique infini(tive) : « vibrer»,
«s’etreindre », «se fendre ».

« C’est ainsi que d’un écrivain à un autre, les grands affects créateurs peuvent
s’enchainer ou dériver, dans des composés de sensations qui se transforment,
vibrent, s’etreignent ou se fendent : ce sont des êtres de sensation‘. »

Ou encore:

«L'écrivain tord le langage, le fait vibrer, l’étreint, le fend, pour arracher le
percept aux perceptions, l’affect aux affections, la sensation 4 l’opinion — en
vue, on l’espére, de ce peuple qui manque encore”. »

Deleuze distingue donc trois temps dans les composés de sensation: (1) la
vibration, (2) l'étreinte ou le corps-à-corps et (3) le retrait, la division, la distension.
« Vibrer la sensation — accoupler la sensation — ouvrir ou fendre, évider la
sensation”. » C'est ce qui se passe aussi dans le diagramme de Francis Bacon.
«Bref, l’aplat vibre, s’étreint ou se fend, parce qu’il est porteur de forces

“ MP, p. 324.

45 LS, p. 216.

16 Ibidem.

"7 V. la préface par Jacgues Ranciére dans Catarina Pombo Nabais, Gilles Deleuze : philosophie et
littérature. Paris, L'Harmattan, 2013, p. 12.

18 OPh, p. 166.

4 Ibidem, p. 167.

50 Ibidem, p. 159.

s" 174 "