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LE TEMPS COMME FORME DE LA CONTEMPLATION - PERSPECTIVES PHENOMENOLOGIQUES

Lorsque la donation originelle de tel &venement se produit, bien d’autres rétentions
plus discrètes sont impliquées dans l'apparition dudit événement; par conséquent,
ce dernier doit occuper une position absolue dans le temps et l’espace au moment
précis de sa manifestation, la configuration du réseau rétentionnel étant en
perpétuel changement. Ainsi, sur le mode du souvenir, le «perçu» qui se re¬
présente à la conscience ne réapparaît jamais totalement isolé: « Je peux revivre
très clairement le dernier percept visuel dans la tâche. Mais cette évocation n’est
complète que quand elle charrie avec elle le contexte incarné dans lequel l’image
est survenuel[...]?. s

Dans l’acte de remémoration de l'événement ”A”, le contexte entier ne réapparaît
jamais entièrement, d’une part en raison des informations nouvelles qui se sont
superposées aux anciennes et ont ainsi repoussé plus loin dans le passé les
éléments singularisants du contexte en question (modifiant ainsi l’arrière-plan
des objets-événements-temporels), mais aussi parce que le contexte lui-même
n’a jamais été synoptiquement et distinctement perçu au moment même où s’est
produit l'événement. En effet, d'innombrables rétentions rendaient compte
continüment d’une extension spatio-temporelle (ou milieu) tandis que nous étions
attentifs à l'événement ”A”, mais les objets-événements correspondant à ces flux
rétentionnels discrets, bien qu'impliqués dans la perception que nous avions de
A”, ne sont point apparus très distinctement car ils se trouvaient à ce moment
là plus ou moins hors de portée de notre attention. La dimension véritablement
claire et distincte (ou consciente) du contexte d’un événement n’est ainsi jamais
très étendue, la majorité des rétentions constitutives dudit contexte étant discrètes.
Si nous pouvions figer temporellement ledit contexte pendant l’accomplissement
de l'événement, et que nous décomposions ce dernier en une succession de points,
chacun de ces points formerait, plutôt qu’une unité finie, une ouverture sur une
pluralité de flux discrets. Le point, représentant symboliquement une phase du
déroulement de l'événement, peut être considéré comme un croisement de flux
constitutifs du contexte: il est en quelque sorte un carrefour où se rencontrent
et s’articulent les informations inhérentes à des rétentions discrètes (ces dernières
formant alors un vaste réseau aux « dimensions » indéterminées). Au cours de
son apparition (en tant que vécu pur), l'événement n’est encore douée d’aucune
autonomie, il est constitué d’une contraction de flux rétentionnels interdépendants
dont les ramifications vont bien haut-delä de ce que l’attention peut nous permettre
de percevoir distinctement. Ce n’est qu’une fois re-présenté (objectivé), que

33 Francisco Varela, « Le présent spécieux : une neurophénoménologie de la conscience du temps ».
In Naturaliser la Phénoménologie, Essais sur la phénoménologie contemporaine et les sciences

cognitives. Paris, CNRS Editions, 2002, p. 375.

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