interpréter, il faut appliguer des points de vue religieux, moraux et philosophigues.
C’est dans cette optique que je me propose d’étudier cet aspect dominant dans
plusieurs de ses écrits”.
Les confessions devant Dieu dans les œuvres autobiographiques
Lors de ses pérégrinations, il s'est posé sans cesse la question de savoir qui il est,
quelle était sa vocation et quelle responsabilité il avait envers ses sujets et ses
soldats pour avoir entrepris et dirigé la lutte contre l'Autriche. Il voulait dresser
le bilan de son activité politique, diplomatique et militaire devant Dieu, ainsi il
s’est penché avant tout sur sa carrière active menée dans le monde en rapport
avec son destin personnel. Le titre de l’une de ses deux œuvres autobiographiques
(Confessio peccatoris, Confession d'un pécheur?) rappelle déjà la profonde inspi¬
ration augustinienne qui l’a poussé à écrire et le texte témoigne d’une rétrospec¬
tion profonde empreinte d’un repentir sincère. L'autre ouvrage, intitulé Mémoires
sur la guerre de Hongrie de 1703 à sa fin“ s'intègre chronologiquement entre le
début et le milieu de la Confession, interrompu au récit du commencement de la
guerre et reprenant le fil de son histoire personnelle après l'échec. Pour voir la
continuité de son examen de conscience à travers ces deux textes, il faut étudier
les objectifs de son autobiographie doublée ainsi, c’est-à-dire partagée en deux
œuvres. Sans pouvoir déterminer exactement les dates de leur rédaction, on peut
affirmer que c’est lors de son exil en France qu'il s’est imposé cette introspection
dictée par sa conscience et rédigée en plusieurs étapes. Le titre, le sujet et le genre
des Mémoires laissent entendre, vu qu'ils se rapportent aux événements histo¬
riques dont Räköczi était devenu le principal protagoniste, qu'il s’agit là d’une
chronique de la révolte nationale, vécue, puis revisitée par lui dans ses souvenirs.
Pourtant, la préface (Épître dédicatoire à la Vérité Éternelle) et les commentaires
subjectifs suggérés par un esprit d’auto-critique démontrent clairement que ce
deuxième texte appartient également au genre des méditations pieuses, tout
2 J'avais publié une étude détaillée sur la question: « Le salut par l’écriture (L'activité littéraire de
Francois II Rákóczi) 3, in Studia Caroliensia, V 3-4, [2004], 91-102. Et sur le choix de la langue, une
autre: « Se souvenir en francais: trois cas de figure (Casanova, Goldoni et Rak6czi) », in Prisonnier
de sa langue, libre dans sa langue. Budapest, Universitas, (Revue des Etudes Francaises, n°13 [2007],
158-172.
3 Confessio peccatoris : une seule édition est connue pour le texte latin: Budapest, 1876. publiée par
Ágost Grisza.
1: Archivum Rakéczianum [AR], series Il, Scriptores: Mémoires du prince Francois II Rakéczi sur la
guerre de Hongrie [II. Rákóczi Ferenc Emlékiratai a magyarországi háborúról]. Budapest, Akadémiai
Kiadó, 1978. p. 12.