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il faut attendre les années 1770 pour trouver d’autres inventaires d’avocats avec
des vins ibériques ; ceux-ci se font cependant une place puisque dans la deuxieme
moitié des années 1780 cing inventaires d’avocats en dénombrent. Lanalyse des
inventaires de caves de notaires va dans le méme sens : la premiére mention de vins
ibériques apparait en 1747 puis, entre 1750 et 1780, sur 29 inventaires de notaire
13 dénombrent des vins ibériques, soit presque un sur deux. Les vins d’entremets,
qui sont essentiellement des vins en provenance de la péninsule Ibérique, sont donc
présents dans les caves des notaires parisiens®. Mais ce n’est pas la règle : même à
ces niveaux sociaux, les vins ibériques ne sont que peu présents, tout comme d’ail¬
leurs les bordeaux rouges et blancs. Aïnsi, sur 50 inventaires d'agents de change
du XVIII siècle‘, il faut attendre 1784 pour trouver la première mention de vins
ibériques, et la seconde n'intervient qu’en 1791. Au demeurant, le changement de
siècle ne modifie pas les résultats : sur 41 inventaires d'agents de change allant
de 1806 à 1845, les vins ibériques ne se rencontrent que quatre fois. Si nous nous
tournons vers les marchands de vins, la plupart n’ont pas de vins ibériques avant
1740, le premier exemple étant celui de Paul Boisseau, un des 25 marchands privi¬
légiés du Roï”. Par la suite, beaucoup n’en ont que de petites quantités même s’il
y a quelques exceptions, tel en l’an XI Louis Prévot, qui habite rue du Temple :
dans cet inventaire élevé : 11122 franc, les vins ibériques ne représentent que 1212
francs et 50 centimes, mais il s’agit néanmoins de 9 demi-queues de xérès évaluées
à 1189 francs, de 7 bouteilles de vin d’Alicante d’une valeur de 17 francs 50 et de
6 bouteilles de malaga évaluées à 15 francs”! Toutefois, les marchands de vins
n étaient pas les seuls à vendre des vins ibériques ; il était également possible d’en
trouver chez des marchands épiciers, telle l’épicerie Lorette-Baudry qui, en 1765,
a dans sa cave 19 bouteilles de vin d’Espagne à une livre et demie le litre et 38
bouteilles de xérès au même prix, ou chez des marchands limonadiers”? : sur 29
inventaires de limonadiers’* se situant entre 1784 et 1806.6 comportent des vins
ibériques, notamment des vins d’Alicante.

Les exemples qui viennent d’être cités nous indiquent que si les vins ibériques
sont souvent présents, néanmoins il ne s’agit en général que d’un nombre limité
de bouteilles. D’autres inventaires le confirment, tel celui en 1764 du maréchal
de Luxembourg : 16 bouteilles de malaga et 8 de vin du Portugal, ou en 1769
celui de la marquise de Surgères : 30 bouteilles de malaga et 12 de pacaret. Par
ailleurs, que ce soit chez les particuliers ou chez les marchands de vins, ils noc¬

68 Jean-Pierre Poussou et Philippe Bertholet, « Les vins que buvaient les notaires parisiens du règne de
Louis XVI à la monarchie de Juillet », Revue du Nord, t. 95, avril-septembre 2013, p. 351-371.

Nous remercions très vivement Tim Le Goff qui nous a communiqué les inventaires d’agents de change
parisiens des XVIII--XIX* siècles qu’il a dépouillés.

L’inventaire est réalisé à partir du 9 novembre 1740 ; il comporte une forte quantité de vin évaluée à 6722
livres 8 sols mais le notaire ne dénombre que 6 bouteilles de vin d’Alicante à 40 sols et 25 bouteilles de
muscat vieux à 26 sols.

7 AN, MC/ET/V/882,8 vendémiaire an XI. — Inventaire trouvé par Eric-Laurent Seguet, Les caves des
Parisiens sous le Consulat, mémoire de TER, université Paris-Sorbonne, 1991.

Ils ont assez souvent une table de billard et vendent quelques boissons alcoolisées.

La plupart ont été trouvés par E.L. Seguet.

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