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avaient donc fait l’objet de plantations homogènes à la différence de vignobles plus
anciens, hérités des pratiques médiévales.

Ce matériel ne servait à rien sans le talent des hommes. De fait, ce sont les
contrats de prix-fait”* et les baux a ferme qui s’avérent les plus utiles pour connaître
le travail de la vigne. Lorsqu'il afferme quatre pièces de vignes à bras au vigne¬
ron Pierre Michaud, Thibaud de Lavie précise que celui-ci devra donner « quatre
façons de bêches, tailler, plier, ouvrer, faire les provains et soutrains »*. Il fallait
aussi essarmenter et déchausser les ceps tous les deux ans ou encore magisquer.
Les quatre (ou trois) façons se donnaient soit avec un bêche, soit avec une marre,
qui est une sorte de houe, adaptée aux terrains plus lourds, soit avec une pique,
mais certaines vignes étaient aussi labourées à l’araire. Le vignoble faisait donc
l’objet d’un soin constant, mais les tâches décrites par les contrats du XVII: siècle
reprennent quasiment les clauses des baux du Moyen Age”. En outre, Messieurs
n'avaient pas encore saisi toutes les subtilités de la production de vin de qualité.
John Locke, de passage à Bordeaux en 1677, avait compris que la qualité du vin ve¬
nait de la pauvreté du sol”. Il fallait donc ne pas employer d'engrais et se résigner a
produire des quantités plus faibles. Or, les magistrats recommandent très souvent à
leurs employés de fumer les pieds de vigne. L’Avocat Général Jean-Olivier Dusault
prescrit par exemple à son métayer de « fumer, tailler, ouvrer et plier les vignes »
de sa maison noble de Fontaudin, à Pessac”?, requête que l’on retrouve aussi chez le
conseiller Pierre de Blanc, pour ses vignes de Moulis, en Médoc, en 16527 et chez
son fils, Guillaume-Louis, en 1667” ou encore chez Charles de Laroche, pour les
vignes de son bourdieu de Bègles, en 1670%° et chez Thibault de Lavie pour des
vignes à Mérignac*!. Dans les cas cités, c’est donc encore la quantité qui prime.
Par bien des aspects, le travail de la vigne semble donc routinier, le caractère rudi¬
mentaire des outils étant cependant compensé par l’application des hommes. Mais
force est de constater que dans la seconde moitié du XVII: siècle, les efforts des
magistrats se portèrent moins sur le travail de la vigne que sur la fabrication du vin.

7 Voir Caroline Le Mao, D'une régence..…, annexe « Les travaux des vignes d’après les comptes de Jean-De¬
nis Daulède de Lestonnac, pour la maison noble de Margaux », p. 347.

4 AD 33,3 E 6598, f° 803, 16/11/1670, contrat d’afferme.

7 Jean Barennes, op. cir., p. 58-92.

76 René Pijassou, op. cir., p. 342.

77 AD 33, 3E 5203, f° 270, 21/11/1643, contrat de métayage pour des vignes à Pessac. AD 33, 3 E 5204,
f° 667, 25/11/1644, contrat de métayage pour la maison noble de Fontaudin. AD 33, 3 E 5211, f° 160,
23/10/1651, contrat de métayage pour la maison noble de Fontaudin.

* AD 33, 2E 1810, 07/01/1652, contrat de métayage.

” AD 33, 2E 1811, 01/08/1667, contrat de métayage.

8 AD 33, 3E 6598, f° 841, 14/12/1670, contrat de métayage.

1 AD 33, 3E 6600, f° 654, 02/11/1672, contrat de métayage.

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