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Le rőle des mémes acteurs dans dautres régions
viticoles à la même période

La vigne ayant fortement progressé dans la plupart des terroirs de l’Aquitaine,
comme le révèle la carte Belleyme, il était tentant de voir si la noblesse avait éga¬
lement joué un rôle primordial dans l'extension des autres vignobles. Nous dis¬
posons, par exemple, pour le Bergeracois, des travaux de Jacques Beauroy, qui
avait songé à un parallèle possible avant de l’écarter aussitôt : « On sait la place
prépondérante tenue à Bordeaux par la grande propriété viticole de l’aristocratie
parlementaire. Il n’y avait rien de comparable à Bergerac »*”.La remarque mérite
cependant d’être nuancée, car on constate en le lisant, un certain flou conceptuel
dans sa définition de la noblesse, ce qui le conduit à considérer comme bourgeoises
un certain nombre de familles authentiquement nobles. Dans les cas qu’il évoque
la noblesse semble jouer un rôle qui fut loin d’être négligeable. Le domaine de La
Baume, aux mains d’Arnaud de La Baume, était de ceux-là, avec sa centaine d’hec¬
tares, où les labours occupaient un espace essentiel, mais où la vigne s’étendait sur
10 à 20% du terroir. Eymeric de Mèredieu qui vivait à Périgueux, d’où il gérait ses
biens bergeracois, disposait de la maison de Naïllac à Magdelaine provenant de sa
femme, et d’un vignoble d'environ 20 hectares en plusieurs parcelles au nord de la
Dordogne. Dans une monographie portant sur la commune de Pomport, dans la
vinée sud de Bergerac, Jacques Beauroy relève le nom de sept nobles sur les onze
plus grands propriétaires’. M. Carrière de Montvert, qui habitait avec sa mère
au village des Olivaux, possédait avec elle 199 journaux, dont 83 en vigne. Il est
fort intéressant de noter l'importance prise par la haute robe bordelaise dans ce
milieu des propriétaires bergeracois. Le parlementaire Jacque de Conseil détenait
plusieurs parcelles, notamment à Monbazillac, Jean Simon Sorbier de Jaure, pré¬
sident à la Cour des aides de Guyenne, et son gendre, le président à mortier Henry
Daugeard de Virazel, chatelain de Tiregant dans le Pécharmant étaient les plus
riches propriétaires de la contrée. Tous profitaient de vignobles de qualité et ils
cherchaient 4 moderniser leurs exploitations comme leurs confréres du Bordelais.

A Madiran, et dans tous les vignobles béarnais, Francis Brumont observe au
contraire, que « ce sont les membres de la noblesse, et de la noblesse titrée, qui
possèdent les propriétés les plus étendues »“*!. Tout comme en Bordelais, le second
ordre semble, là aussi, adopter un rôle moteur dans la mutation de la qualité et il
se montre très soucieux de la bonne commercialisation du produit. « La qualité
et la réputation, que le baron de Corbères entretient en marquant ses meilleures
barriques à sa marque et son second vin à la marque SB . Le 29 avril 1758, a la

# Jacques Beauroy, Vigne et société à Bergerac du Moyen Âge aux temps modernes, Saratoga, Anna Libri, 1976,
p- 115.

“© Jacques Beauroy, « Vigne et structure agraire 4 Pomport en 1792 », dans Géographie historique des vi¬
gnobles, TI, Les vignobles frangais, Paris, CNRS, 1978, p. 14.

“| Francis Brumont, Madiran et Saint-Mont, Histoire et devenir des vignobles, Biarritz, Atlantica, 1999, p.42.

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