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+ KÉP, JELENLÉT, KENOZIS ? et sur les dessous de la pensée que la surface plane des mots... C’est la rivière du rythme et le drame en couleurs des sons : un animal agissant. Car le rythme sait toujours en premier (et peut-être même en dernier, à la fin des mots) quelque chose que le langage ignorait ; il sait, il se rappelle factilement quelque chose comme l'aventure de la pensée sortant d'animal ; il se souvient de l’architecture profonde de tout — et même du drame de la matière. Loin de toute traduction normalisée, égalitarisante, aplanisatrice Zsófia est descendue dans la singularité et l’insularité du hongrois jouer profond avec ce qu’il y a d’incompréhensible dedans pour les Hongrois eux-mêmes. Jusqu'à la langue à un, jusqu’à ce qu’il y a au tréfonds de toute langue : le mystère du langage incommunicant. Jusqu'au plus matériel ; jusqu'aux sens des sons ; jusqu’au sens des temps ; jusqu'au sens du temps. Avec ce magnifique s du pluriel qu’il y a dans les mots sens et temps. Le langage sur Le théâtre vient chercher la chair et la trouve : mais c'est d’abord lui, le langage, qui doit s’incarner — et non le personnage! Un « personnage », on ne sait pas ce que c’est ; de même que l’« homme », personne n’a jamais vu qui c'était. Les mots, sur le plateau, sont utilisés — non plus en surface comme sur le papier — mais en volume et en déploi et en logique ondulaire, comme dans le cerveau : on les entend, arborescents, tout en racines florissantes, volutes ambivalentes, en ramifications et en doubles feuillages jumeaux : il vient s'éprouver en vrai, non sur le papier mais dans le secret public de notre corps. A la fin du trés-long travail que demande le théâtre, un jour, souvent très tard, pour les acteurs et pour l’ensemble des spectateurs en face, soudain tout sonne vrai. Mais ce qui d’un instant apparaît, ce n’est plus notre langue usuelle, c’est l’idiome invisible, la ressassée langue muette du rythme : la langue toute neuve des enfants. Voici que les acteurs viennent soudain se rappeler 4 vue devant nous comment ils ont, tout d’un coup, appris à parler. Le langage rejoint la nature sous nos yeux : il est une onde, un événement physique sur le théâtre, un déversement... Un animal + 234 +
