profit matériel. Ce probléme va cependant beaucoup plus loin
que cela. Le conflit n’est pas seulement entre l’obéissance à la
loi et la cupidité, mais aussi entre deux types d’obligations
morales : accomplir les derniers vœux de son père et obéir à
la loi. En ne remplissant pas la condition, le fils s’opposerait à
la volonté de son père, tandis qu’en la satisfaisant, il refuserait
d’obéir à la loi. Son action serait immorale dans les deux cas.
Le juriste romain Papinien a eu une approche intéressante a
ce paradoxe moral. Il n’a pas résolu ce dilemme — car il était
insoluble — mais l’a simplement éliminé sur une base éthique.
Il a estimé que la condition interdite, et donc juridiquement
impossible, était également une condition physiquement
impossible. Il à voulu dire par là qu’il fallait présupposer que
Pon ne peut commettre aucun acte qui pourrait compromettre
sa réputation, ou son sens du devoir envers ses ancêtres ou
qui pourrait provoquer un sentiment de honte. Simplement,
on ne peut pas agir de manière contraire à l'éthique. Cette
déclaration peut sembler absurde en première lecture. La ligne
de pensée sous-jacente projette deux dimensions de la
question fondamentale de l’éthique. D’une part, si l’on est une
bonne personne, en règle générale, il est juste de supposer que
lon est incapable de commettre une faute. D'un autre côté, il
est tout à fait certain que des individus vont commettre des
«crimes » dans des situations concrètes et individuelles, mais
cela ne les transformerait pas en «mauvaises» personnes
immédiatement et de manière irréversible. Cette dualité n’est
observable ni en droit ni en morale. Dans une situation
donnée, soit on obéit à la loi ou non, on agit moralement ou
non. Il ne sert à rien d’affirmer qu’en raison de l’obéissance
générale à la loi et à la morale, on ne devrait pas être tenu
responsable d’une transgression ponctuelle. L'évaluation
juridique et morale prend généralement la forme d’un
jugement instantané : ai-je fait à mes semblables ce que j'étais
censé faire ? En même temps, il est toujours logique de poser
une question supplémentaire : est-ce que je me suis lié à mes
pulsions de la bonne manière et ai-je agi en conséquence dans