n’heritent pas du foyer paternel vont donc en établir d’autres ailleurs ; et c’est
ainsi que la race humaine s’est &tendue peu a peu sur la surface de cette terre
qui lui était donné par le Créateur. Jusqu’a ce départ, jusqu’a cette espéce
d’émigration à la recherche des foyers nouveaux, les fils demeurés autour du
foyer paternel restent dans la subordination, car, même après la mort du père,
il n’y a jamais qu’un chef de famille, un maître, un propriétaire du domaine.
Omnis communio odiosa ; la communauté est un état de décadence et ceux-là
seuls la mettent à l’origine de la propriété, qui attribuent à l’humanité elle¬
même une origine barbare ou presque sauvage.
Les civilisations primitives n’en offrent pas de tracer, partout ou trouve
l'autorité du chef de famille nettement établie, toujours puissante, quelquefois
tyrannique. Or, sous le régime de la communauté de biens l’autorite s’efface
et disparaît dans un temps assez court. Nous savons d’ailleurs que la famille
a été instituée par Dieu, qu’elle avait ses règles et sa subordination ; nous
savons que « l’ordre, selon l’expression du S. de Ravignan, est la volonté de
Dieu dans le monde », et nous savons aussi que l’ordre, c’est la subordination
qui met chacun a sa place, de telle sorte que l’égalité engendre infailliblement
le désordre.
La transmission intégrale de la propriété territoriale, car il va sans dire
que c’est d’elle seule qu’il s’agit, et la conservation de son intégrité ont donc
leur raison d’être dans les sentiments gravés par le Créateur au fond de l’âme
humaine. Il est facile de constater que, chez presque tous les peuples civilisés,
elle a continué d’être la règle fondamentale, sauf des modifications rendues
nécessaires à mesure que les terrains vacants ont cessé d'exister dans un rayon
facilement atteignable. Pour mettre de l’ordre dans les changements devenus
nécessaires, les règlements humains out du intervenir, d’abord sous la forme
des coutumes, puis sous celle de lois ; mais, ailleurs que chez les peuples eu
décadence, le principe de la transmission intégrale a presque toujours prévalu.
Il en résulte que la terre, qui a été si souvent un objet de conquête, était
rarement un objet d'échange ; en tout cas elle l’a toujours été d'autant moins
que l'esprit de famille était mieux conservé. L'idée de famille emporte celle de
la stabilité et sans possessions territoriales inaliénables, la stabilité disparaît, la
société tend à se dissoudre. De la certaines précautions prises par les coutumes
ou par les lois pour mettre l’ordre naturel à l’abri des caprices individuels.
L’egoisme veut jouir vite ; il est dissipateur, il est comme tous les vices, ennemi
de l’ordre. Dans une société bien organisée, on se met en garde contre l’avidite,
contre l’amour du gain. Dans ce but out été crées les majorats, les fidéicommis
et cent autres entraves à l’aliénabilité de la terre. Pour mieux garantir la stabilité
de la propriété territoriale, ou en limitait l'exercice, ou en bornait l'usage à
une espèce d’usufruit. On facilitait ainsi la conservation des biens qui étaient
de famille en ce sens qu’ils appartenaient successivement aux descendants
directe d'une même souche, et que les propriétaires se succédaient selon un