Après une année de travaux préparatoires, l’Union de Fribourg est constituée.
Y prennent part les représentants des mouvements catholiques sociaux de
France, ceux du « Vogelsang-Kreis », des figures de proue du catholicisme
social de l’Italie. De tous les grands mouvements, le Centre allemand et les
catholiques belges n’y sont pas représentés.
Au-dela des problémes potentiels d’organisation, cette omission peut étre
justifiee par des raisons politiques. Le Centre n’a jamais été considéré par
l'Église comme un parti expressément catholique, et après la confrontation
qu'était le Kulturkampf, l'engagement ouvert de Rome auprès de cette
formation paraissait peu souhaitable. Quant à la question belge, la nouvelle
génération des démocrates-chrétiens naisse 4 ces années-la.
Il ne s’agit en aucun cas d’une differentiation des partis politiques de la part
de Rome, bien qu'il y ait très peu de partis en Europe qui aient été approuvés par
le Saint-Siège comme représentant authentique des catholiques. Cependant,
les mouvements sociaux sont plus proches à l'initiative prévue.
Les invités de 1885 ont pris au sérieux leur présence dans le palais épiscopal
de Fribourg. A l'exception de Jean Loesewitz, ils ont pris une distance et du
libéralisme et du socialisme. La scène douloureuse causée par la présence de
celui-ci a été rapidement surmontée par l'accord des personnes présentes.
Les aristocrates européens dominent le rassemblement, mais la Suisse
plébéienne joue aussi un rôle important. Une Commission internationale
provisoire est élue, avec le comte Kuefstein comme président temporaire,
et dans les deux jours, elle soumet les statuts de |’ « Union de Fribourg ».
L'Union a ainsi reçu une base juridique et a été fondée le 23 octobre 1885.
Son président d'honneur est le prince Loewenstein, son président est
l’ambitieux prélat Mgr Mermillod et son vice-président est le comte Blome.
Le comte Kuefstein est choisi comme secrétaire d'étude, le comte de la Tour
du Pin comme secrétaire du comité, Georges Python comme archiviste et le
père Jaquet pour le travail du trésorier.
Des sections nationales sont formées au sein de l’Union : L'Allemagne est
représentée par le comte de Wambolt et le père jésuite Augustin Lehmkuhl ;
l'Autriche par le jeune comte de Pergen, le comte Esterhäzy ; la France par
Albert de Mun, d’Avril et Louis Milcent ; l’Italie par les comtes Manna et
Medolago ; finalement, la Suisse par Gaspard Decurtins, d’Amman-Weck et
Théodore de la Rive.