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DE LA BONNE MONNAIE de transformer par ses émigrants les conditions du travail jusqu’alors prépondérant des races chrétiennes. La crise qui résulte de cette translation de la richesse de l’ancien monde au nouveau, analogue à celle qui s’opéra, lorsque fut découvert celui-ci, des rives de la Méditerranée à celles de l'Océan, met à découvert, en les exaspérant, des plaies sociales qui tiennent d’ailleurs moins à ce phénomène naturel qu’au régime économique introduit légalement dans la période qui l’a précédé et subsistant encore. Ainsi dans le régime de la propriété individuelle, son affranchissement de toute tutelle et le droit absolu pour le propriétaire d’en disposer à son gré, qui ont prévalu dans tout l’Occident, joints aux exigences du fisc public, amènent des ruines semblables de l’est à l’ouest de l’Europe : en Galicie vingt mille foyers par an sont détruits par l'expropriation ; dans les Karpattes (sic !) de Hongrie des villages disparaissent ; dans les pays alpestres, la Haute Autriche, le Tyrol, la Suisse, etc., le même phénomène se produit ; seulement les gens plus industrieux ne périssent pas, ils émigrent ; dans la Silésie, le Brandebourg, la Poméranie, ils font l’un ou l’autre ; dans la plupart des provinces de France, ils ne font ni l’un ni l’autre, mais se restreignent sur le nombre des enfants, si bien que la population des campagnes y décroît plus rapidement encore que dans les pays précités ; en Italie, la pellagre, l’émigration, l’expropriation et recouvrement d'impôt, déciment de plus en plus les cultivateurs ; en Espagne, leur ruine est consommée ; l’Irlande a perdu la moitié de son peuple. Dans le régime du travail, depuis la destruction de l’organisation corporative des métiers, le prolétariat tend à devenir pour toute l’Europe l’état normal des artisans, et surtout des ouvriers d'industrie ; il se développe dans ces masses sans foyers fixes des maux physiques et moraux inouïs jusqu'alors ; les statistiques officielles constatent que la levée militaire ne peut plus s’y exercer sur la moitié au moins des conscrits pour vices héréditaires provenant d’un sang corrompu. Enfin dans le régime des transactions, l'argent n’est plus considéré comme un moyen, mais comme un objet de trafic, que le détenteur vend, au plus cher, au besogneux ; si bien que le système de crédit factice qui soutient le marché universel fait de celui-ci en réalité un champ livré à la pratique judaïque d’une usure sans contrôle et sans frein, où les fortunes privées sont attirées irrésistiblement non moins que la fortune publique des Etats, livrées les unes et les autres à toutes les chances du jeu, et les plus petites rapidement épuisées pour grossir celles des plus forts détenteurs ou plus habiles spéculateurs — cela dans les proportions dont les temps antérieurs ne présentent aucun exemple. Dès lors dans cet état économique qui ne peut profiter au petit nombre qu'aux dépens du grand, il s’est produit chez les uns des cupidités de plus en plus immenses, chez les autres des envies de plus en plus furieuses, et entre tous, les ferments d’une guerre sociale plus générale et par là même plus + 66 ¢
