arriver a des résultats sérieux en faveur des ouvriers. M. A. de Mun dans un de
ses discours, les industriels de Lille, le parti allemand des socialistes chrétiens,
la plupart des catholiques, allemands et autrichiens, ont, a diverses reprises,
émis des voeux dans ce sens.
Or, peut-on imaginer un acte plus paternel, plus social, plus divin que celui
d’un Souverain Pontife qui ferait appel aux gouvernements européens en vue
d’une telle réforme? Les inviter à former une conférence, qui se réunirait à
Rome et delibererait au Vatican et dans laquelle le Pape serait l'avocat des
pauvres ; indiquer un programme restreint pour ne rien hasarder, mais efficace
et manifestement chrétien : limitation des journées, travail des femmes, des
enfants, travail de nuit, repos du dimanche; faire entendre que ces restrictions
imposées aux moyens de concurrence rendrait 4 la denrée travail sa qualité
humaine l’empécherait de dépendre uniquement du marché ; agir ainsi, ce
serait aussi grand, aussi salutaire que tout ce que l’Église a jamais fait jadis
pour adoucir l'esclavage.
Dans l’état actuel du monde, un pareil appel retentirait à un point
extraordinaire. Ajoutons que très probablement M. de Bismarck serait le
plus empressé à y répondre et que son appui équivaudrait à une victoire. Il
suffirait pour cela que le Souverain Pontife ne convoquât pas pour écouter
ses décisions, mais pour délibérer et décider en commun comme dans tout
congrès diplomatique.
Les suites d’une telle entreprise sont incalculables et il est certain que jamais
un coup plus sérieux n'aurait été porté à la fois au libéralisme (économique)
et au socialisme.
B. MEMOIRE DE LA TOUR DU PIN
APERCU DE LA SITUATION DES CATHOLIQUES
VIS-A-VIS DES QUESTIONS ECONOMIQUES
Les questions économiques, touchant les conditions de la propriété, du travail
et du commerce, grossissent d’importance en ce moment par suite de la crise
économique que ressent l’Europe sous le coup de l'épanouissement des forces
productives du nouveau monde et de l’Extréme-Orient.
Les Etats-Unis d'Amérique, dont la population a doublé par l'immigration
au cours d’une génération, sont maîtres du marché agricole de l’Europe,
et vont l'être de son marché industriel ; l'Australie suit la même voie de
progrès agricole ; et la Chine sortant de son isolement ne paraît pas éloignée