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DE LA BONNE MONNAIE

theologie catholique, et en particulier celle de Saint Thomas, ne considere
comme faisant partie des devoirs du Souverain.

Relativement au fait de lussistance à l’aide des deniers publics, on lit dans
Yopuscule attribué 4 Saint Thomas, De Rebuspublicis et Princip. Institect.*
(lib. II, cap. 15) « Opportunum est regibus et unicuique Domino, in ipsorum
dominio, DE COMMUNI AERARIO REIPUBLICAE? vel regali, pauperibus
providere. » A ce compte, Saint Thomas et les théologiens de son temps
auraient donc enseigné le socialisme.

Si nous blamons cet emploi malencontreux du mot socialisme, et si nous le
repoussons quand on veut l’appliquer à notre doctrine, c’est donc parce que
ce mot dans son sens usuel, consacré par des documents pontificaux, a une
signification tout autre. Les doctrines socialistes enseignent toutes, plus ou
moins directement, le communisme, elles attaquent les bases de l’ordre social
actuel, et sont, presque toujours, mélangées d’athéisme. Toutes elles ont un
point de départ et une tendance plus ou moins matérialistes ; celles même qui
ont l'aspect le plus inoffensif professent l'intention de réformer la société par
des voies démocratiques et égalitaires. En fait elles tendent à l'établissement
d’une odieuse tyrannie et c'est parce que leur but avoué est de tout absorber
dans /’Etat que, par extension, par abus, ou dans des vues de polémique, on
qualifie quelquefois de socialiste toute tendance à une intervention quelconque
de l'Etat dans le champ des intérêts matériels.

Ces explications préliminaires étaient indispensables pour bien faire
comprendre pourquoi des journaux tels que La République française, Le
Siècle, Les Débats et Le Temps$ ont osé accuser M. A. de Mun et l’'Oeuvre
des Cercles catholiques d'Ouvriers d’être socialistes, et pourquoi, sans aller
aussi loin, certains publicistes catholiques, mais partisans des doctrines de
l'économie libérale, ont cru trouver des tendances socialistes dans les doctrines
de l’Oeuvre des Cercles. Le socialisme dont il s’agit est semblable à celui de
Saint Thomas et se rapproche un peu de celui de M. de Bismarck. Mais il faut
entrer dans quelques détails.

On sait que les doctrines socialistes ont pris en Allemagne des allures
scientifiques. Une étude approfondie des oeuvres produites par les socialistes
de quelque valeur conduit à les diviser, en quelque sorte, en deux parts : l’une
comprend l'exposition des principes et des doctrines qui sont détestables ;
l’autre renferme l'exposition d’un certain nombre de faits économiques. Dans
cette partie des ouvrages socialistes il y a beaucoup de choses intéressantes
et justes et leur ensemble constitue une critique sanglante et irréfutable
des théories de l'économie libérale. C'est pourquoi Mgr Ketteler,’ évêque de
Mayence, pouvait dire : « l'économie libérale et le socialisme ont tous deux
raison quand ils se critiquent réciproquement, tous deux tort dans ce qu'ils
proposent pour améliorer le sort des ouvriers. »

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