Néanmoins, au cours des trois années de 1881, 1882 et 1883 le Cercle
dEtudes avait élaboré (avec le rőle éminent du Pére Liberatore) des thèses sur
le travail, sur la valeur, le droit héritier, la répartition du profit, Vargent, le bail
et enfin, sur les deux sociétés civiles et ecclésiastigues."
On peut observer que ce groupe, au-delà des règles strictes de
l'institutionnalisation, avait été soumis au Saint-Siège, et il y avait très peu
de contact avec les anciens « confrères » de la Correspondance de Genève.
Outre les contacts avec l’Opera dei Congressi (à l'époque sous la présidence
du duc de Salviati) et avec le Circolo dei Studi Sociali (présidé par le prince de
Sulmona),' il n’y avait pas eu de rapports entre ce groupuscule et les écoles
nouvelles désormais puissantes à cette époque : ni l’école dite de Liège, ni celle
d'Angers (jugée d’ailleurs trop libérale par de La Tour du Pin et de Kuefstein), ni
le Studienkreis de Vogelsang ou encore moins l’Oeuvre des Cercles catholiques
d'ouvriers ne sont représentés.
Ce groupe de Rome, à l'encontre des tentatives internationales précédentes,
passait des questions politico-ecclésiastiques aux questions politico-sociales.
Pas de surprise : les deux décrets conciliaires signés par Mermillod (élaborés
sans doute par Augustin Lehmkuhl SJ) sur le socialisme et sur la misère des
ouvriers (De socialismo, De pauperum operariorumque sublevanda miseria)
ont déjà préfiguré l'intérêt principal de l’évêque titulaire de Hébron. Mermillod
qui, après l’amélioration des relations entre la Confédération helvétique
et le Saint-Siège, avait été nommé évêque de Fribourg, de Lausanne et de
Genève, était chargé par Léon XIII du rapprochement des différentes écoles
européennes sur territoire neutre.
Les catholiques allemands sont dans une situation ambiguë : ils possèdent
un parti, mais le Reich étant protestant, le rapprochement des catholiques
allemands et du Saint-Siège est inopportun à ce moment-là. Le Kulturkampf
s'éclatant déjà en 1871, un nombre d'’intellectuels catholiques émigrent en
Autriche, pays plus ouvert au catholicisme.
Néanmoins, dans le cadre de l’Empire Allemand, les catholiques ont formé
des communautés actives et puissantes. Ce cadre est très souple, puisque
la relation entre les catholiques allemands et ceux de l’Autriche avait été
maintenue. Il nous faut cependant distinguer les deux groupes par leurs
prises de positions différentes car, tandis que les catholiques allemandes se
trouvaient dans une situation minoritaire, ceux d'Autriche bénéficiaient des
avantages d’un milieu majoritairement catholique. Il n’est pas donc surprenant
que, grâce aux dimensions plus étendues du champ d'action, la floraison des
idées rénovatrices concernant la société se soit produite dans l'empire des
Habsbourg. Ici la haute noblesse, les grands propriétaires terriens ainsi qu’une
grande partie de la bourgeoisie était également intéressé à retransformer sinon
maintenir la situation économique et sociale existante.