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DE LA BONNE MONNAIE Albert Hyrvoix et Bertrand de La Guillonnière étaient les secrétaires d'Albert de Mun. L'ancien novice jésuite Jean Loesewitz (ou Loesevitz), personnage énigmatique qui publiait quelques articles dans l’Association Catholique, n’appartenait pas en fait à ce groupe qu'il quittera rapidement. Outre quelques noms encore non mentionnés, nous pouvons constater que ce groupe d’intellectuels catholiques issus de différents lieux de France, formait une unité de recherche et d'action depuis au plus tard 1872. Ce groupe se définissait comme monarchiste (préférant la branche Bourbon), catholique (revendiquant le pouvoir temporel du pape), aristocratique (généralement hostile à la démocratisation de la politique, étant convaincu de la nécessité de diriger les masses ouvrières par la classe des élus, c’est à dire, des aristocrates, des propriétaires et du clergé) et social (tout en refusant la solution socialiste, luttait en faveur d’une solution juridique puissante et efficace). L’'Oeuvre des Cercles s’est identifié avec le mouvement catholique social français authentique et, par ses leaders, il était en relation quoique peu étroite avec les différents mouvements catholiques sociaux de l’Europe contemporaine? Après son élection, Léon XIII prend contact avec les différents personnages catholiques sociaux, Albert de Mun le premier, à qui le Pape accorde une audience privée le lendemain de son élection.!° On voit donc clairement que les anciennes connaissances sont décisives : les rapports sont maintenus et le réseau international des catholiques européens, après les tentatives avortées d’un Comité de Genève, après des réunions tenues en 1870 à Genève, en 1871 à Einsiedeln, en 1872 de nouveau à Genève ; en 1873 à Ferney et finalement en 1874 à Bregenz, c’est par le Correspondance de Genève qu'ils se tiennent au courant des mouvements catholiques en Europe. Après l’idée de l’Union de Saint-Pierre, la direction du mouvement de coopération cherche à s’institutionnaliser. Ce désir sera salué par le nouveau pape Léon XIII qui a d'excellents rapports avec Jacobini et Mermillod. Dans un cadre toujours flou et informel, les deux hommes de l’Église seront les moteurs du Cercle d'Etudes Sociales de Rome (nommé aussi « circolo della Via Testa Spaccata »). Cette initiative du Saint-Siège rassemblait 19 personnes, !? dont Henri Lorin, Antonio Burri, H.S. Denifle, du R.P. Aphonse Villeneuve du Canada, Matteo Liberatore SJ, le comte Soderini, le comte de Kuefstein joueront plus tard un certaine rôle dans l’histoire de l’Union de Fribourg. Il est important de noter que ce groupe de Rome s'était formé sous la tutelle de l'Église — il ne s’agit donc pas d'initiatives laïques —, et que les liens informels entre ses membres, ainsi que les rapports individuels des membres avec le Saint-Siège étaient plus importants que l'apport doctrinal. La fidélité à l’Église est décisive : ceux qui ont plus de lien avec le Saint-Siège, feront parti des élites, les gens tels un Léon Harmel, un Charles Périn ou autres ne reçoivent pas l'expedit de la Congrégation de la Propagande et de la Foi, au sommet de laquelle nous retrouverons Mgr Jacobini.'? «22 ¢