Car, malgré le nombre des publications croissant, ce recueil est le premier gui
présente la quasi-totalité des documents de l’Union.
Cette communauté internationale représentait une idée sociale et politique,
nommé plus tard sous le nom de « conservatisme social ». Cela dit, l’Union
de Fribourg était loin d’être le forum des aristocrates voulant conserver les
conditions arriérées des ouvriers et des paysans du monde européen. Le
programme des Français et des Allemands — et des Autrichiens — était une
sorte de « rénovation sociale », pour reprendre l'expression de René de La
Tour du Pin-Chambly, théoricien de la pensée sociale catholique. Ils voyaient
clair l’inévitable crise du système capitaliste, prédit par Karl Marx, mais
contrairement à lui, ils voulaient retenir de la condition actuelle ce qui est
nécessaire pour préserver les définitions traditionnelles de l’homme et de sa
communauté, et ainsi la dignité humaine. Ils étaient conscients de la nécessité
du développement matériel des ouvriers et des paysans mais en même temps,
ils prenaient en considération de leur développement moral et intellectuel.
« Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? »
(Marc 8 : 36).
Cet esprit courageux, profondément catholique, visant à la fois le bien
commun et le développement de l’homme dans son intégralité mérite notre
respect.
ETUDE PREPARATOIRE ET PRESENTATION DES DOCUMENTS
Nous sommes en 1884. Frédéric Le Play, maitre de la pensée sociale d’inspiration
conservatrice, est disparu il y a deux ans. En 1883 se sont étaint le comte de
Chambord et Karl Marx. L’année suivante en France, la loi sur les syndicats
est votée par l’Assemblée nationale sous le gouvernement Ferry et en Belgique
le conservateur Malou est nommé premier ministre. Léon XIII fait publier
l'encyclique Humanum genus sur les sociétés secrètes ; en Grande Bretagne
G. B. Shaw fonde la « Fabian Society » et aux Etats-Unis le démocrate Cleveland
est élu président avec le soutien des catholiques américains. La même année
s'ouvre à Salzbourg, avec la participation de Bebel et de Liebknecht le congrès
du parti marxiste autrichien, deux ans après la fondation du parti social¬
chrétien. C’est l’époque de la première prolongation de la loi anti-socialiste
(en vigueur depuis 1878) en Allemagne où le Reichstag a d’ores et dejä vote
la loi sur l’assurance-maladie en 1883 et cette année-là, celle sur l’assurance
obligatoire en cas d'accidents. Et, au cours du soir du 18 novembre, une union
sera fondée à Fribourg : un groupe d’études sociales catholiques d'Europe qui
jouera un rôle décisif dans la formation de l’enseignement social de l’Église.
Une union qui sera très liée à Fribourg et au catholicisme social. Une union
qui s’appelera désormais « Union de Fribourg ».