OCR Output

CANADIAN LANDSCAPES/ PAYSAGES CANADIENS

98-99). Liz Tremblay’s villages, Bas-du Fleuve in La heronniere (2003) and
Saguenay in L’habitude des bétes (2017), are situated on the border between
nature and society. A liminal space, which — in order to survive — is in constant
conflict with the changes brought about by outsiders, animals (beasts) and
even women. Denying its own liminality, the village asserts its own identity
by creating a centripetal force to maintain its homogeneity. It prepares to fight
anything that contradicts the social law “you get used to it or you leave” (Trem¬
blay, L’habitude des bétes 34). Since subversive subjects opposed to the center
are condemned to suffer, the village strives to eliminate diversity and plurality
through multiple conflicts and confrontations, thereby isolating itself com¬
pletely. The only ones left are those who do want to submit and sink into an
idyllic past where everything conforms to the collective will. They become the
guardians of village customs at all costs. In our paper, we propose to study Lise
Tremblay’s rural landscapes in her collection of short stories La héronnière
and in her novel L’habitude des bêtes from an ecocritical point of view by
analyzing the structures of the village and the laws of nature and society that
govern the characters.

Keywords: geopoetic/geocritical analysis, ecocriticism, Lise Tremblay,
liminality

INTRODUCTION

Dans notre article, nous proposons d'étudier les paysages ruraux, notamment
ceux liés au village, de Lise Tremblay dans son recueil de nouvelles La héron¬
niere et dans son roman L’habitude des bêtes en analysant d’un point de vue
géopoétique les espaces décrits, la structure du village, et les lois de la nature
et de la société qui régissent les personnages. Nous partons d’une approche
principalement géocritique ou géopoétique de l’espace et des paysages qui au
fur et à mesure qu'on introduit les espaces naturels et leurs habitants tourne
vers l'écocritique, méthode qui va au-delà du simple examen des espaces humains
pour examiner notre rapport à la nature.

COMMENT PARLER DES PAYSAGES LITTÉRAIRES?

Quelques décennies après le tournant linguistique qui dans les années 1960 pro¬
posait d'examiner tous textes littéraires en les dissociant de leur référentialité
extratextuelle, leur auteur et le contexte historique et social dans lequel ils ont
été créés, le tournant spatial propose de réintroduire le référent et la référentia¬
lité de la pensée en utilisant l’espace comme principe organisationnel plutôt que
la langue ou le temps d’une narration chronologique. Dans cette ligne de pensée,
l’histoire du récit se déploie non pas dans une chronologie traditionnelle, mais

+68 +