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CANADIAN LANDSCAPES/ PAYSAGES CANADIENS

the tetralogy itself. In order to highlight the aesthetic power of Drapeaus
concise, poetic writing, I focus on the way she puts her life experience into
words and on the semantics of her literary landscapes.

Keywords: Sylvie Drapeau, tetralogy, real landscapes, imaginary landscapes,
transformation

INTRODUCTION

« Partie d’un pays que la nature présente a un observateur » (Le Nouveau Petit
Robert 1615), le paysage est lié non seulement à la nature mais aussi à la culture
et l’histoire d’un territoire®. Objet fréquent de représentation artistique, le
paysage — qui par extension désigne aussi la vision des choses — est pourvu
d’une forte dimension esthétique; l’œuvre de Sylvie Drapeau le montre bien.
Comédienne appréciée au Québec, Sylvie Drapeau est aussi connue, depuis la
publication entre 2015 et 2019 chez Leméac de sa tétralogie, comme écrivaine.
Les quatre volumes de son récit d'inspiration autobiographique — Le Fleuve
(2015), Le Ciel (2017), L'Enfer (2018) et La Terre (2019) — sont construits autour
de quatre décès prématurés de proches de la narratrice, double“ de l’auteur. Les
premiers et le dernier titre du cycle, Le Fleuve et La Terre, renvoient aux compo¬
santes observables du paysage géographique qui constitue l'arrière-plan de l’his¬
toire familiale jalonnée de drames. Les deux autres titres, Le Ciel et L'Enfer, liés à
l'imaginaire chrétien, ont trait aux paysages intérieurs, psychiques. La Terre avec
Le Fleuve et Le Ciel renvoient à l’horizon, c’est-à-dire «la limite de vue qui semble
séparer le ciel de la terre» (Le Nouveau Petit Robert 1101). L’axe imaginaire
ciel-enfer suggère la station verticale. Partant de l'hypothèse des correspon¬
dances entre l’horizontalité et la verticalité des paysages représentés, résultat
possible d’une conception esthétique, il s’agit de réfléchir — après une brève pré¬
sentation de la tétralogie — sur les paysages imaginaires de Sylvie Drapeau.

LA TÉTRALOGIE AUTOBIOGRAPHIQUE DE SYLVIE DRAPEAU

L'histoire familiale est racontée par la narratrice homodiégétique qui fait
partie de «la meute », nom donné aux enfants d’une famille québécoise moyenne
installée sur la Côte-Nord. Une distance temporelle, plus ou moins grande,
sépare l'acte narratif des événements racontés. Adulte, la narratrice dédie
chaque volet de son récit à l’un de ses proches disparus. Tout d’abord elle

3 Conseil de l’Europe. Glossaire du Système d’information de la Convention du Conseil de l’Eu¬
rope sur le paysage. 2018, n° 106 (Aménagement du territoire et paysage), ch. 17, pp. 44-47,
https://rm.coe.int/16802fc145.

* Sylvie Drapeau révèle sa profession dans le dernier tome: «moi, actrice de théâtre» (La Terre
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