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NIKOLETTA HÁZAS

technique, de tactilité, de contact (la forme et l'anti-forme), d'érotisme, de critique,
d’heuristique etc. Se référant le plus souvent a Benjamin et Aby Warburg, l’auteur
esquisse un modèle synoptique et dynamique au lieu du modèle progressif de
l’histoire de l’art. Le début apparaît chez lui, comme un «tourbillon dans le fleuve“ »
qui, évidemment, porte déjà en soi la fin, car chaque crise indique un changement.

Jean-Luc Nancy — par rapport à Didi-Huberman, disciple de Derrida — aborde
la question de l'empreinte d’un point de vue beaucoup plus conservateur. Dans
une étude de 1994, il associe à la notion latine de vestigum (trace, empreinte), de
portée théologique, une signification historique, et il supprime certains champs
de signification que ce mot — à son avis — ne possède plus dans le contexte de
l’art contemporain : la Raison, le Cosmos et la Polis hégeliens, ainsi que le concept
de l'Homme de la théologie humaniste’.

Il affirme que l’art, qui n'apparaît plus en tant qu'image, n’est pas perceptible
en tant qu'image, n’est plus «la présentation sensible de l’idée » (dans le sens
hégelien), mais de la « fumée sans feu » et une «trace/empreinte sans Dieu ».
Nancy clame que l’art n’est que l'empreinte du « passant », et que ce dernier n’est
pas identifiable par sa propre empreinte, et par là, que son dénominateur est
toujours « commun », et il ajoute :

«Cependant, le nom de l’homme reste trop un nom, une Idée et une image
— et ce n’est pas en vain que son effacement fut énoncé. Sans doute, le pro¬
noncer à nouveau, d’un tout autre ton, c’est aussi refuser l’interdit angoissant
des images, sans nécessairement faire revenir l’homme de l’humanisme, c’est-à
dire, l’auto-imitation de son Idée‘. »

Bientôt, Nancy et Didi-Huberman, bien qu'ayant une approche différente
concernant la logique de l'empreinte, entreront en contact personnel avec Simon
Hantaï, et Jacques Derrida rejoindra également ce cercle.

De leurs échanges épistolaires, le livre La connaissance des textes’ est né.
L'idée du livre a vu le jour lors de la conception d’une illustration. En 1999, Hantai
a préparé une illustration pour l’œuvre de Derrida consacré à Nancy“ en copiant
des extraits d'œuvres de Derrida et de Nancy les uns sur les autres avec de l'encre

* G. Didi-Huberman, « Imaginum pictura... in totum exoleui. Début de l’histoire de l’art et fin de
l'époque de l’image ». In Revue Critique, 1996, n°586, p. 139-150.

5 J.-L. Nancy, op.cit., p. 26.

6 Ibidem, p. 36.

7 S. Hantai - J. Derrida - J.-L. Nancy, La connaissance des textes: Lecture d'un manuscrit illisible
(Correspondances). Paris, Galilee, « Ecritures/ Figures », 2001.

8 J. Derrida, Le toucher, Jean-Luc Nancy. Paris, Galilée, 2000.

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