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ANIKÓ RADVÁNSZKY une nouvelle fois la problématique du discours et cherche à trouver de nouveaux fondements à l'éthique de l’altérité — c’est le moment que l’on a tendance à définir comme son «tournant langagier ». Dans cet écrit, la pensée centrale du sujet originellement éthique, ainsi que la phénoménologie complètement renouvelée de l'expérience du sens et du langage reposent, toutes les deux, sur la phénoménologie génétique et diachronique du temps inspirée par les Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps de Husserl. Quoique l'éthique de Lévinas se concentre avant tout sur l'expérience de l’altérité de l’Autre, la philosophie du temps occupe une place non moins essentielle dans son œuvre. Ce qui n’est point surprenant car l'expérience de la transcendance d’autrui n’est jamais un simple événement qui se présente dans le contexte de la perception ou du discours, mais l'expérience d’une transcendance temporelle a la fois. Pour aller plus loin, Lévinas prône aussi le contraire : le temps n'existe que par l'expérience de la transcendance de l’Autre, de l’altérité. La complexité de cette interrogation nous mènerait bien loin, mais n’insistons que sur un detail qui nous est important ici et maintenant, à savoir si l'influence essentielle de la phénoménologie du temps husserlienne sur la pensée de Lévinas est à chercher dans l’idée d’un passé diachronique ou d’un passé qui n'a jamais été présent’. Il est connu que Lévinas a passé de longues années bien laborieuses à commenter la notion husserlienne de l'impression originelle qui, dans son interprétation, comme expérience primitive du temps dépasse non seulement l'identité de la conscience mais aussi celle de la continuité temporelle. Etant donné que l’impression originelle ne peut étre appropriée, —- phénoménologiquement parlant, aucune rétention ne pouvant l'identifier — elle restera donc étrangère de manière démesurément provocante. Contrairement à la vision synchronique du temps qui relie la notion du temps à la conscience du temps, c’est-à-dire au présent, à l'immédiat, Lévinas parle d’un temps qui fait partie du passé sans pouvoir être évoqué, d’un passé pré-originaire, plus ancien que tout présent — [d’] un passé qui jamais ne fut présent. Définition à laquelle il ajoute encore l'explication suivante : «On peut soupçonner dans la dia-chronie [...] l'intervalle qui sépare le Même de l’Autref. » Après la phénoménologie statique qui se voit être exposée dans les deux premières Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps de Husserl, la troisième nous laisse déjà entrevoir certains motifs témoignant de la 7 Quant aux conceptions du temps lévinassienne et husserlienne, v. Rudolf Bernet, L'autre du temps. In Emmanuel Lévinas, Positivité et transcendance. suivi de Jean-Luc Marion (dir.), Lévinas et la phénoménologie. Paris, PUF, 2000 ; et aussi : Laszlé Tengelyi, Tapasztalat és kifejezés [Experience et expression]. Budapest, Atlantisz, 2007, p. 125-156. $ E. Lévinas, Autrement qu'être ou Au-delà de l'essence. Den Haag, Martinus Nijhoff, 1974, p. 45. s 156 "