partir du réajustement continu du ressouvenir par rapport a la perception
présente, et ce réajustement (qui est en fait une intégration des informations de
la perception nouvelle aux informations déja hiérarchisées dans les réseaux
mentionnés) nous « extrait » pour ainsi dire du temps absolu de la conscience
donatrice pour nous introduire dans une temporalité de répétition qui reprend
en boucle, à travers des actes de mémoire, les données de la perception et se les
re-présente à nouveau, toujours avec un angle de vue différent. Nous comprenons
alors que la nature même du niveau représentationnel implique que ce dernier
soit constamment révisé, car les réseaux qui le constituent interagissant avec
toute nouvelle perception (sur un mode d'intégration), ces derniers seront
nécessairement affectés par tout ajout de données nouvelles, c’est pourquoi l’unité
de la donation originaire d’un objet ne peut être récupérée dans cette temporalité
en boucle du présent de répétition qui ne connaît et n’engendre que du multiple.
Il y a donc bien dans la phénoménologie de Husserl une temporalité perdue, mais
perdue seulement pour la conscience réflexive, en effet, en deçà de ses vastes
réseaux représentationnels dont la permanence et l’interdépendance constituent
notre intelligence, il existe un temps plus discret, plus authentique: le temps
absolu de ce qui apparaît, de ce qui éclot et déploie l’univers et la conscience
indifférenciés au sein d’un même acte, celui de la perception.