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STÉPHANE KALLA distribuées" s lorsqu’elles interagissent, soit, mais la coordination de ces multiples et différentes bases neurales implique que ces derniéres soient intégrées dans des séries temporellement déterminées, c’est a dire préfigurées pour l’accomplissement d’une ou plusieurs tâches cognitives précises. Varela insiste sur le fait que «[...] l'émergence d’un acte cognitif suppose la coordination de nombreuses régions différentes, impliquées dans des aptitudes diverses: perception, mémoire, motivation, et bien d’autres“. » Mais justement, qui dit « émergence » dit aussi nécessairement conservation dans le temps des informations afférentes à chaque étape de la coordination des assemblées neuronales permettant ladite émergence des actes cognitifs. Cette conservation ne peut être aléatoire, puisque l’enchaînement des processus complexes (allant des décharges cellulaires aux comportements émergents que sont les actes cognitifs) doit obéir à un ordre précis, celui d’après lequel sont transmises et coordonnées les informations inhérentes et spécifiques à tous les composants de la chaîne: « L'idée clé est que cet ensemble émerge parce que l’activité neuronale forme des agrégats transitoires de signaux, verrouillés en phase, en provenance de multiples régions“. » Il existe donc en quelque sorte une « mémoire informative » qui préfigure l’activité cérébrale, en intégrant dans des temporalites séquentiellement déterminées les synchronisations d'assemblées neuronales mobilisées pour l’accomplissement d’une ou plusieurs tâches spécifiques. Chaque étape des processus cognitifs, des soubassements neurologiques aux actes de conscience, doit être conservée dans le temps, c'est cette conservation qui mérite selon-nous d’être interrogée, ainsi que les modalités de son opérativité. La notion même de conservation est intimement liée à celles de coordination et d'intégration. Quand Varela soutient que les actes cognitifs « d'échelle ”1” », c’est-à-dire pré-conscients, automatiques, se réalisent dans un temps qui « dépend dynamiquement de nombreuses assemblées dispersées“ », il convient de préciser que le couplage de ces assemblées neuronales par synchronisation s’insère à chaque fois dans une séquence informative conduisant, par la succession ordonnée et cohérente de ses différents moments, à l'émergence d’un ou de plusieurs actes cognitifs. En effet, la notion d'intégration, dont dépend notamment celle de coordination, est fondamentale : elle implique la conservation dans le temps d’un ensemble d'informations provenant de régions cérébrales «fonctionnellement distinctes et topographiquement distribuées“ s. Ces 4 Ibidem, p. 350. 2 Ibidem, p. 353. 8 Ibidem, p. 354. 4 Ibidem, p. 356. 45 Ibidem, p. 350. s 142 +