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LE TEMPS COMME FORME DE LA CONTEMPLATION - PERSPECTIVES PHENOMENOLOGIQUES le sac de sport. Et c’est ainsi que nous pourrions percevoir consciemment deux objets distincts qui se détachent d’un fond lui aussi distinct (qui serait représenté par une troisième assemblée de neurones), et non un chaos de lignes et de couleurs indifférenciées. Ces synchronisations d’ensembles neuronaux sont désignées par Varela comme «des événements constitutifs qui ont une durée d’echelle ”1’/10”» et « formant des agrégats qui se présentent comme incompressibles, mais qui réalisent des actes cognitifs d’échelle ”1”*°. » Ce que Varela désigne par «une échelle ”1/10” », c’est la temporalité afférente aux « événements élémentaires »*” dont l’activité constitue le soubassement neurologique des actes cognitifs « d'échelle ”1” », c’est à dire des actes cognitifs pré-conscients (que nous pourrions qualifier d’automatiques) tels que tourner la tête, distinguer des lignes, des couleurs, des sons, etc. D’aprés Varela, « [...] tout acte mental est caractérisé par la participation simultanée de nombreuses régions du cerveau, fonctionnellement distinctes et topographiquement distribuées, et de leur "incarnation sensori-motrice”*#. »; Il ajoute que « pour le spécialiste des neurosciences, relier et intégrer ces différents composants qui sont à la racine de la temporalité est une tâche complexe®. » Varela semble suggérer que le flux temporel immanent coïncide avec l’interdépendance de facteurs multiples participant à la complexité des activités cérébrales. Or, ne faut-il pas remarquer dès à présent le problème suivant: comment la synchronisation d’un certain nombre de zones cérébrales aboutissant à la réalisation d’un acte cognitif spécifique, peut-elle s’accomplir autrement qu’au travers d’une temporalité séquentielle ? Afin d'accomplir un acte cognitif élémentaire, par exemple distinguer les contours d’un objets, la synchronisation des zones cérébrales sollicitées ne s'effectuera pas de manière aléatoire, mais au contraire coordonnée en fonction de la tâche à accomplir. Si l’accomplissement d'un acte cognitif élémentaire suppose un « recrutement d’ensembles neuronaux largement distribués“ », ces ensembles neuronaux ne sont pas invoqués de manière aléatoire, ils sont «recrutés» en fonction d’un programme spécifique visant à l’accomplissement d’une tâche toute aussi spécifique; l’idée de programmation des synchronisations d’assemblées neuronales en fonction des actes cognitifs à développer permet de considérer le rôle de la mémoire sous un angle différent : que les régions du cerveau sollicitées pour l’accomplissement des actes cognitifs soient « fonctionnellement distinctes et topographiquement 3% Ibidem, p. 356. 37 Ibidem, p. 356. 38 Ibidem, p. 350. 3° Ibidem, p. 350. % Ibidem, p. 355. + 141 °