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STÉPHANE KALLA vers d’autres vécus plus ou moins distincts, d’autres objets-événements-temporels. Ce rituel de la conscience peut être exprimé de la façon suivante: la perception des objets-événements temporels fonctionne par déplacements successifs et continus d’un objet à un autre, ou de groupes d'objets à d’autres groupes d'objets, en vertu de ce que la présentation de ces derniers doit être entendue comme le résultat d’une synthèse originelle de tous les flux rétentionnels, dont l’interdépendance est la condition même de l’apparition des «contenus presentatifs””.» M&me si nous n’en n'avons point conscience immédiatement, tout «contenu présentatif» ne se donne jamais seul, il est en effet intégré (en raison de la synthèse évoquée ci-dessus) dans un réseau rétentionnel au travers duquel sont déployées et conservées quantités d'informations perceptives, dont l'organisation rend compte d’un certain milieu subsistant toujours au-delà des manifestations singulières des événements qui requièrent notre attention. L'«arrière-plan » d’un événement constitue par conséquent une condition préalable et nécessaire à l’apparition dudit événement. Par exemple, au moment même où j'aperçois un oiseau posé sur une branche, la présentation de cet événement ne peut constituer à elle seule une limite irréductible du perceptible en général: en effet, la scène qui m’interpelle est comme une sorte d'architecture perceptive en mouvement continu, formée d’un enchevêtrement de durées (ou rétentions) distinctes (quant à leurs «contenus présentatifs» respectifs) mais temporellement interdépendantes (car unifiées par une synthèse originelle qu'il s'agira bientôt d'identifier). Ces durées (ou rétentions) correspondent à autant d'objets-événements constitutifs de l'arrière-plan de ma vie psychique. L'« arrièreplan » de la succession des contenus présentatifs occupe donc une place prépondérante dans la saisie de ces derniers par re-présentation. En effet, l’unité de l’objet-événement ”A” (rétroactivement saisie, ou re-présentée) n'est provisoirement identifiée, et par là même avancée, que relativement à d’autres objets-événements que l’objet-événement ”A” n'est manifestement pas. Dans un langage leibnizien, nous dirions que nous percevons (plus ou moins confusément) en sus de l'aperception (ou appréhension) de l’objet-événement-temporel spécifique "A", une multiplicité d’autres objets-événements-temporels qui constituent l'arrière-plan des re-présentations de l’objet A”. C’est en se re-présentant continüment la rétention donatrice de ?A” que progressivement, nous l’avons déjà mentionné, viendront s'ajouter de nouvelles informations qui étendront notre aperception (Husserl dirait plutôt « appréhension ») de ”A”. Ces nouvelles informations manifestent un accroissement des liaisons établies entre "A" et les objets-événements-temporels constitutifs de l’ «arrière-plan » de ”A”. Plus des 27 Ibidem, p. 70. * 132 +