vers d’autres vécus plus ou moins distincts, d’autres objets-événements-temporels.
Ce rituel de la conscience peut être exprimé de la façon suivante: la perception
des objets-événements temporels fonctionne par déplacements successifs et
continus d’un objet à un autre, ou de groupes d'objets à d’autres groupes d'objets,
en vertu de ce que la présentation de ces derniers doit être entendue comme le
résultat d’une synthèse originelle de tous les flux rétentionnels, dont
l’interdépendance est la condition même de l’apparition des «contenus
presentatifs””.» M&me si nous n’en n'avons point conscience immédiatement,
tout «contenu présentatif» ne se donne jamais seul, il est en effet intégré (en
raison de la synthèse évoquée ci-dessus) dans un réseau rétentionnel au travers
duquel sont déployées et conservées quantités d'informations perceptives, dont
l'organisation rend compte d’un certain milieu subsistant toujours au-delà des
manifestations singulières des événements qui requièrent notre attention.
L'«arrière-plan » d’un événement constitue par conséquent une condition
préalable et nécessaire à l’apparition dudit événement. Par exemple, au moment
même où j'aperçois un oiseau posé sur une branche, la présentation de cet
événement ne peut constituer à elle seule une limite irréductible du perceptible
en général: en effet, la scène qui m’interpelle est comme une sorte d'architecture
perceptive en mouvement continu, formée d’un enchevêtrement de durées (ou
rétentions) distinctes (quant à leurs «contenus présentatifs» respectifs) mais
temporellement interdépendantes (car unifiées par une synthèse originelle qu'il
s'agira bientôt d'identifier). Ces durées (ou rétentions) correspondent à autant
d'objets-événements constitutifs de l'arrière-plan de ma vie psychique. L'« arrière¬
plan » de la succession des contenus présentatifs occupe donc une place
prépondérante dans la saisie de ces derniers par re-présentation. En effet, l’unité
de l’objet-événement ”A” (rétroactivement saisie, ou re-présentée) n'est
provisoirement identifiée, et par là même avancée, que relativement à d’autres
objets-événements que l’objet-événement ”A” n'est manifestement pas. Dans un
langage leibnizien, nous dirions que nous percevons (plus ou moins confusément)
en sus de l'aperception (ou appréhension) de l’objet-événement-temporel spécifique
"A", une multiplicité d’autres objets-événements-temporels qui constituent
l'arrière-plan des re-présentations de l’objet A”. C’est en se re-présentant
continüment la rétention donatrice de ?A” que progressivement, nous l’avons
déjà mentionné, viendront s'ajouter de nouvelles informations qui étendront
notre aperception (Husserl dirait plutôt « appréhension ») de ”A”. Ces nouvelles
informations manifestent un accroissement des liaisons établies entre "A" et les
objets-événements-temporels constitutifs de l’ «arrière-plan » de ”A”. Plus des