sur l’environnement, ou milieu spécifique à la manifestation des objets-événements¬
temporels :
«Il y a toujours un centre, le moment présent avec un contenu intentionnel
focalisé (par exemple, cette pièce avec mon ordinateur devant moi, sur lequel
les lettres que je suis en train de taper s'inscrivent). Ce centre est limité par
un horizon (ou « frange ») qui est déja passé (je retiens encore le début de la
phrase que je viens d'écrire), et il se projette vers le moment suivant qu’il vise
(cette session d'écriture n’est pas encore finie). Ces horizons sont mobiles: ce
moment même qui était présent (et qui donc n'était pas simplement décrit,
mais vécu comme tel) glisse vers un présent tout juste passé. Puis il sombre,
loin de la vue: je ne peux pas le retenir dans son immédiateté, il me faut lui
ajouter une épaisseur supplémentaire pour le maintenir”. »
Si je fixe mon attention sur un objet, les données perceptives élémentaires
informant la présentation de ce dernier ne disparaissent pas dès les premières
impressions, elles sont au contraire conservées dans le temps par un flux
rétentionnel, pendant que spécieusement d’autres données se superposent et
modifient continüment tout en la structurant, la re-présentation dudit objet. Ce
recouvrement permanent de la rétention par le ressouvenir (ou la re-présentation)
structure l'extension perceptive de l’objet, aussi bien d’un point de vue temporel
que spatial. Mais plus encore, ces données nouvelles qui recouvrent la rétention
des impressions primaires, et qui alimentent et constituent les actes de re¬
présentation, sont elles aussi des rétentions d’autres impressions primaires. En
effet, quand bien même mon attention ne serait fixée que sur un seul objet, il
n’en reste pas moins qu'une indénombrable quantité de rétentions continue
d'étendre temporellement des informations relatives à la présentation des autres
objets dont est constitué l’environnement, ou milieu dans lequel mon propre
corps est intégré. Soyons attentifs aux termes employés par Varela, ce dernier
souligne que le «[...] moment même qui était présent (et qui donc n'était pas
simplement décrit, mais vécu comme tel) glisse vers un présent tout juste passé. »
Mais quel est ce «moment » présent qui, pris dans la dynamique du flux
rétentionnel, se dégrade en un « présent tout juste passé »? Par « moment », il ne
faut pas entendre une phase ou transition temporelle désincarnée, encore moins
l'équivalent de ce qu’un point mathématique est à la ligne, mais plutôt la rétention
d'informations perceptives, intégrées « dans un flux de phases constitutives, qui