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ANIKÓ ÁDÁM mathematiques. D’apres Newton, l’attraction s’explique soit par l’intervention de Dieu, soit par la médiation de l’éther qui est une substance spirituelle. Quand Newton pose, dans les Principia, ces questions : pourquoi les planètes décrivent des ellipses et non des cercles ? Pourquoi les étoiles ne tombent pas ? — il répond que c’est par la libre volonté du Créateur. À part l'influence indirecte du savant anglais, la référence directe de Chateaubriand est le mathématicien et le médecin hollandais, Bernard Nieuwentyt, que nous avons déjà mentionné précédemment. C’est à partir de son livre, Traité de l'existence de Dieu que Chateaubriand se familiarise avec les idées de Newton. Son Traité est traduit de l'anglais en 1725, et réédité en 1760, c’est alors que ses idées parviennent jusqu’à Chateaubriand. En 1715, Nieuwentyt veut démontrer l’existence de Dieu par l'observation attentive des merveilles de la nature. Bien que le sujet et l'intention soient très banals à l'époque, le savant hollandais dépasse le providentialisme naïf. Il traite de thèmes très actuels mis en lumière par le systeme de Newton. Selon lui, si les planètes se meuvent dans un même plan, si leur mouvement est circulaire et non rectiligne, ce n’est pas en vertu d’une prétendue nécessité naturelle, mais parce que Dieu l’a voulu ainsi. Il ne sert à rien alors de chercher les raisons des phénomènes qui nous sont incompréhensibles!*. Avec l’idée de l'univers infini, Newton a réussi à introduire dans la pensée générale l’image d’un espace permanent en continuel mouvement mais qui est régi par des lois constantes!f. Chateaubriand, pour qui Newton reste, entre autres, un point de référence représentant le savant qui croit en Dieu, adopte pleinement ces réflexions. Il a la même vision lumineuse de l’espace où l’homme s’accroît jusqu'aux dimensions cosmiques : « On dirait que le génie de l’homme, un flambeau à la main, vole incessamment autour de ce globe, au milieu de la nuit qui nous couvre; il se montre aux quatre parties de la terre, comme cet astre nocturne, qui, croissant et décroissant sans cesse, diminue à chaque pas pour un peuple la clarté qu’il augmente pour un autre". s Quand le Poète du Génie parle de la création de la terre et de son âge «moderne » décrits par l’Écriture, on assiste encore à l'application de cette dialectique ascendante où le fait de la création divine de la nature et de l’homme 15° V. le livre de Jean Ehrard, op. cit. p. 79. 16 Cette image de l’univers change au 20° siècle où apparaît l’idée que les choses de l'univers s’éloignent les unes des autres et où apparaît la théorie de la relativité. 17° Génie, I, IL, IX, p. 535. s 102 "