imagination est bien conduite en contemplant la nature. Ce sentiment est en
méme temps double: il se compose d’effroi et d’admiration. La présence simultanée
de l’admiration et de l’effroi dans ce sentiment permet de l’interpréter comme le
sentiment du sacré. Toutefois, le sacré ne peut pas être présent dans ce sentiment
de la même manière que dans la béatitude éprouvée au bout de la contemplation
traditionnelle. Dieu n’y est présent que par son absence. La référence à la toute¬
puissance de Dieu dans le fragment 199 prouve tout de même que la contemplation
pascalienne n’est pas une anti-contemplation: elle demeure contemplation
quoique son sens change profondément. Le bon usage de l'imagination dans la
contemplation de la nature ne conduit pas à l’ordre du cœur où la certitude de
Dieu se révèle, mais mène au moins à l'expérience existentielle de l'absence de
Dieu dans la nature.