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LA CONTEMPLATION DES ESPACES INFINIS SELON PASCAL

gue Vimagination ne peut représenter un chiliogone gue confusément, la
conception pure est en mesure de le saisir d’une maniere claire et distincte et
d’en deduire des vérités indubitables®. Dans le fragment 199, Pascal affirme que
même si l’on essaie de repousser les limites des tentatives représentatives au-delà
de l’imagination, l’idée produite ne sera jamais adéquate à la réalité quelle vise
à représenter. La distinction entre l'imagination et la conception sert à rendre
évidente la faillite de imagination au cours du processus contemplatif. La raison
prend conscience de l'échec de l'imagination en constatant que l’image produite
par celle-ci n’est nullement adéquate au but ultime de la représentation, notamment
à la totalité de la nature.

La présentation du processus de la contemplation se conclut par deux phrases
très célèbres : « C’est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence
nulle part. Enfin c’est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de
Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée » (199). La métaphore de
la sphère infinie présente une image inimaginable et une idée inconcevable de
l'univers en soulignant encore une fois l'échec des facultés représentatives de
l’homme en face de la nature infinie.

Après avoir montré comment l'imagination se perd dans la contemplation de
l’immensité de l'univers, Pascal présente le même processus contemplatif en sens
inverse : vers les éléments infimes de la nature. En dessinant l’image des univers
infimes, des firmaments, des planètes et des terres dans « l’enceinte de ce raccourci
d’atome » (199) qu'une goutte de sang d’un ciron représente, il fait de nouveau
travailler l’imagination. Le résultat de la contemplation de la petitesse de la nature
est le même que celui de la considération de sa grandeur: l'imagination s’y perd.
«Il se perdra dans ces merveilles aussi étonnantes dans leur petitesse que les
autres par leur étendue » (199) — dit Pascal. La nature est donc irreprésentable
et sa contemplation, dans son immensité aussi bien que dans sa petitesse, conduit
à l'échec de l'imagination.

Le processus de la contemplation rend la phrase présentant la relation entre
l'imagination et le divin encore plus énigmatique. Dans le fragment 199, Pascal
parle très peu de Dieu, étant donné que ce fragment développe des arguments
fondés sur la lumière naturelle et qu’il vise à mettre en évidence la disproportion
de l’homme par rapport à la nature infinie. Par conséquent, toutes les considérations
concernant le surnaturel sont écartées, à l'exception de quelques-unes. L'exemple
de la contemplation semble servir à prouver que l’homme, étant incapable de
former une représentation authentique de la nature, ne peut pas la connaître et
que cette incapacité lui rend impossible la connaissance de Dieu par des moyens

5 V. Sixième méditation, À. T., t. IX, pp. 57-58.

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