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IAcoPo COosTA laquelle l’intellect est, pour ainsi dire, aveugle. On parvient au troisième ciel uniquement si on y est enleve. Läme peut parvenir au premier et au deuxieme ciel par ses propres forces, auxquelles l’aide surnaturelle de la grace doit s’ajouter ; au contraire, si elle parvient au troisiéme ciel, c’est quelle y est transportée: l’4me est ici complètement passive, elle n’est pas uniquement aidée, elle est entièrement portée’!. On parle proprement de raptus lorsque Dieu attire l’âme envers soi comme il a attiré envers soi saint Philippe. Selon le récit des Actes des Apôtres (8, 39-40): « Quand ils furent sortis de l’eau, l'Esprit du Seigneur emporta Philippe, et Veunuque ne le vit plus, mais il poursuivit son chemin dans la joie. Quant à Philippe, il se retrouva à Azôtos et il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes où il passait jusqu’à son arrivée à Césarée ». Lexplication que le précheur donne de cet épisode doit être brièvement analysée. D’après l'interprétation des noms bibliques, « Philippe » signifie « bouche des flambeaux » ou «bouche des lumières » (os lampadum). Vis-a-vis de Dieu, notre cœur doit être comme une «bouche des flambeaux » ; la bouche symbolise le désir, le flambeau symbolise le cœur, Philippe symbolise alors le désir que le cœur a de Dieu. L’eunuque en revanche, puisqu'il est stérile, symbolise l’intellect. L'âme humaine a deux puissances : l’intellect et l'affectus (l'amour). L’intellect ne fait pas d'œuvre, les œuvres sont accomplies par l’affectus. Philippe est laffectus et ’eunuque est l’intellect : notre prêcheur va nous expliquer comment ces deux puissances s’articulent dans le raptus. Comme l’indique le texte des Actes des Apôtres, l'Esprit enlève Philippe, et l’'eunuque ne le voit plus ; dans le raptus, l’âme « sent » Dieu davantage qu’elle ne le comprend. L'âme se soulève au-dessus d'elle-même, grâce au désir elle se soulève au-dessus de l’intellect. La fonction de l’intellect, dans les deux premiers cieux, est donc celle d'accompagner et de rendre service a laffectus; dans le troisième ciel, l'affectus se détache de l’intellect, qui reste comme stupéfait en voyant laffectus le dépasser”’. 21 Anon., Sermo de beato Paulo (Paris, BnF lat. 15034, fol. 144vb-147rb) : « Dans ce troisième ciel, on ne parvient que par un ravissement. Ce n’est en effet pas la même chose de s'élever étant aidé, et d'être complètement porté. L'âme peut s'élever dans les deux premiers cieux étant aidée [par la grace] ; mais dans le troisième ciel, elle doit être complètement portée » («In hoc enim tertium celum nemo uenit nisi raptus, quia aliud est quando aliquid [-quid sic] ascendit et quia per se ascendere non potest iuuatur, aliud quando ex toto portatur. In primis duobus celis anima cum adiutorio ascendere ualet, set in hoc tertium celum necesse est ut portetur »). 22. Anon., Sermo de beato Paulo (Paris, BnF lat. 15034, fol. 144vb-147rb): « Au sens propre, le raptus se vérifie lorsque Dieu attire envers soi l’äme, comme on le dit de Philippe [Actes 8 39-40] : Quant ils furent remontés de l’eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe. Leunuque ne le vit plus: il poursuivait son chemin, tout joyeux. Quant a Philippe, il se retrouva 4 Azoth. Philippe signifie « bouche des « 52 ¢